Seul Dieu a le pouvoir d’ôter les voiles de vos yeux, et vous ne trouverez pas de réponses ici, à moins qu'Il ne le veuille.

04 mai 2019

Le dévoilement du monde suprasensible et des mystères de la démiurgie Divine (en Sept Demeure théosophales)- Ibn'Arabi

Allâh



Première Demeure : Le " Niveau des Proportions Cosmiques "


Quand il a fini d'apprendre tout cela, l'adepte entreprend une autre ascension d'ordre purement intelligible, ne s'effectuant plus désormais à travers une forme de conscience imaginale, et qui le transporte au " Niveau des Proportions Cosmiques ". Là, il apprend à connaitre les dosages et les mesures exactes des éléments corporels insérés dans les corps physiques répartis depuis la Sphère englobante jusqu'à la poussière terrestre. En outre, il peut identifier, à l’intérieur comme entre ces deux plans extrêmes, toutes les espèces de l'univers qui sont les occupantes de ces régions cosmiques.



Seconde Demeure : La " Substance Universelle "


Puis il se transporte jusqu'au monde de la " Substance universelle ténébreuse " qui est sans parties et ne contient aucune forme. C'est la dimension suprasensible de tous les atomes du cosmos qui sont occultés par devers elle. De celle-ci proviennent les lumières et les clartés apparaissant dans le monde corporel. Ces lumières, qui sont composées, se détachent de cette Substance universelle de sorte qu'elle reste obscure, tout comme le jour se détache de la nuit, si bien que l'obscurité devient manifeste. Telle est l'origine de l'obscurité dans l'univers et l'origine de l'univers dans les "statuts législatifs".




Troisième Demeure : La " Nature Incomposée "


Ensuite, l'adepte se transporte de cette station jusqu'au domaine de la " Nature incomposée ". Il apprend aussitôt comment elle gouverne les corps physiques de manière absolue, quels que puissent être leurs différents niveaux de composition et états spécifiques. Il constate alors jusqu'où va l'erreur de certains physiciens qui se fourvoient en prétendant connaître la Nature, erreur due au fait qu'ils ignorent la Physique en son essence véritable, tandis que le bénéficiaire d'un tel dévoilement connaît tout cela intuitivement.



Quatrième Demeure : La " Table Préservée "



Les trente-six milles Sciences Divines que DIEU fait inscrire par Son Calame sur la Table préservée sous forme de "cognoscibles", et les conséquences eschatologiques et cosmogoniques que DIEU en fait résulter pour le monde.


De cette vision, son regard s'élève jusqu'à la contemplation mystique de la " Table préservée " qui est l'existant suscité par le Calame Divin, et sur laquelle DIEU a inscrit les étants créaturels (Kawâ'in) qu'Il a voulu introduire dans le monde. Si bien qu'en contemplant ce qui est gravé sur cette Tabula secreta, l'adepte obtient la science des deux puissances démiurgiques, à savoir : la " Science de la Connaissance " et la " Science de l'Action", et il apprend quels effets en sont émanés. En outre, comme cette substance pneumatique s'avère être une "Table", il découvre ce qu'a tracé sur elle, avec le Calame Divin, Celui qui l'a ainsi dénommée, en dictant au Calame et en lui faisant inscrire sur cette Table les "formes des cognoscibles" que DIEU écoule (avec l'encre du Calame) au sein de l'univers, dans le séjour d'ici-bas jusqu'au Jour de la Résurrection. Ce sont autant de sciences circonscrites qui se trouvent gravées sous formes de cognoscibles, comme le sont les formes des lettres inscrites sur les Tablettes et les Livres sacrés, et que l'on nomme " verbes". Le nombre exact de leurs "matrices" est celui qui résulte de la multiplication des (trois cent soixante) degrés de la Sphère céleste par eux-mêmes, précisément, et sans rien y ajouter ni rien en retrancher.


C'est en effet là (sur cette Table préservée) que DIEU a disposé au sein de la grande Sphère où se recoupent les astres par suite de leurs révolutions célestes, trois cent soixante degrés qui bouclent le cycle annuel d'ici-bas, suivant la révolution du Soleil et de la Lune. DIEU Très-Haut a décrété : " le Soleil et la Lune se meuvent d'après un calcul exact" (coran 55, 3).
D'où la récurrence des années depuis le commencement. Toutefois, le cycle annuel ne connaîtra son véritable renouvellement cosmique qu'au bout d'un terme qui ne saurait dépasser, en année, le nombre de trois cent soixante multiplié par lui-même, nombre mesurant l'Age de ce monde. (1)


Ensuite, DIEU dicte (sur la Table au moyen du Calame) un autre ordre de réalité. Et il s'agit de science concernant la Résurrection et aussi les "balances" établies "jusqu'à un terme fixé" (cor.42, 14) qui varie pour les deux séjours (du Paradis et de l'Enfer). Et ce terme marque tout spécialement la fin du temps de la disgrâce imposée à ceux qui habitent le séjour du malheur. Après quoi, DIEU réinscrit derechef (sur la Table préservée) le châtiment infligé à ce monde-ci, tout en éternisant ce qui doit perdurer dans les deux séjours (du Paradis et de l'Enfer) à l'intention de leurs habitants respectifs - sous réserve que, quelle que soit la teneur de l'écriture inscrite (sur la Table), il faut nécessairement qu'elle s'écoule "jusqu'à un terme fixé", puisqu'il est impossible d'introduire ce qui est sans fin au sein de l'existence.




Cinquième Demeure : Le " Calame Suprême "


L'adepte est initié à la Walâya. Il obtient la vision théophanique de la démiurgie Divine en contemplant l'animation du Calame qui enregistre et coordonne la trame intelligible de la création, telle que la lui dicte le Créateur.


Ensuite, l'adepte se transporte de cette station épiphanique jusqu'à la vision intellective du " Calame suprême ". Par cette vision dont il est témoin, il obtient la "connaissance de la walâya" (ou "amitié Divine"). C'est là que se situe le point de départ menant au rang du " Khalifa" et du "niyâba" (ou perfection humaine). C'est encore là que sont constitués les Divins Registres, et qu'apparaît la souveraineté du Nom " le Coordinateur et le Séparateur" - comme il est dit : " Il coordonne l'Ordre, Il sépare les signes" (13. 2). Telle est la science du Calame.


Et soudain l'adepte voit sous ses yeux le Divin Calame s'animer d'un mouvement partant de la droite.Oh sublimité ! Quel mouvement idéal, d'une suprême grâce ! Il voit d'où le Calame puise l'encre, et se rend compte qu'il détient par essence la maîtrise de la synthèse et l'analyse. L'analyse se révèle dans l'acte d'écrire, acte exprimant la nature essentielle du Calame. Il n'a besoin pour lui faire la dictée de nul autre maître que son Créateur, exalté et vénéré soit-Il. Ce qu'écrit le Calame Divin est gravé à jamais, c'est pourquoi cela demeure éternellement et ne peut être effacé. Pour cette raison, la Table (sur laquelle cela est gravé) est dite " préservée", ce qui veut dire préservée contre l'effacement. Or, si l'Ecriture Divine du Calame était semblable à l'écriture faite avec l'encre (matérielle), elle finirait par s’effacer, comme s'efface dans le monde du devenir l'inscription d'une simple tablette (d'argile humaine) écrite avec la plume qui est tenue "entre deux doigts du Miséricordieux".


Grâce à cette vision, l'adepte peut désormais distinguer les différents types de calames et de tablettes ainsi que les diverses catégories d'écritures. Il obtient ainsi la "connaissance des statuts impérieux et de la rigoureuse ordonnance".
A partir de là, il réalise que ce qui est destiné à être une éclatante "preuve de DIEU" ne saurait demeurer à l'état de simple virtualité, à moins d'avoir déjà été manifesté en tant que preuve. Et si les preuves s'accumulent, en ce cas, DIEU les rassemble toutes pour en faire " la preuve décisive", parfaite et exceptionnelle. Puis l'adepte tourne son regard vers la droite de cette scène visionnaire, et il contemple alors le "monde de l'amour éperdu" qui est le monde créé de la Nuée.




Sixième Demeure : La " Nuée Divine "


La Nuée : Voile théophanique suprême, matrix mundi et toute première localisation métaphysique concevable.


Il se transporte ensuite vers la " Nuée Divine " qui est le siège épiphanique du Nom " al-Rabb" (" le Seigneur"), de même que le Trône est le siège épiphanique du Nom " al-Rahmân" (" le Miséricordieux"). La Nuée est la toute première localisation métaphysique dont procèdent les déterminations de lieu et les plans de manifestation relatifs à ce qui ne peut admettre l'étroitesse du lieu (physique) et anticipe la situation en un lieu donné. D'elle proviennent les substrats épiphaniques aptes à recevoir les prototypes des formes corporelles manifestées sous les modes sensible et imaginal. La Nuée est un existant suréminent. L'Être Divin est son Principe intelligible. C'est l' "Être Divin dont est créé tout existant autre que DIEU", le Concept métaphysique dans lequel permanent et demeurent bien ancrées les identités foncières des êtres contingents. La Nuée accueille l'essence de l'ubi (al-ayn), elle est l'enveloppe spatiale du lieu, le niveau où est localisé le lieu, le nom du substrat épiphanique (universel).


Depuis le monde terrestre jusqu'à cette Nuée, il n'y a point de Nom de DIEU, hormis les " Noms des Opérations". Car en dehors d'eux, il n'y a pas d'influence qui puisse s'exercer sur un quelconque objet créaturel compris entre la terre et la Nuée, que l'objet considéré relève du monde intelligible ou bien du monde sensible.

Par ailleurs, lorsque l'adepte eut quitté son compagnon le théoricien au (niveau du) septième ciel, pour continuer seul son ascension, voici que, en dehors de son propre itinéraire, une forme toute subtileirradiant de la personne du théoricien commença de s'éployer. Elle apparut à l'adepte dans la Sphère des Etoiles, et il la perdit de vue dans le Paradis. Elle lui réapparut dans la Sphère des Tours zodiacales, et il la perdit encore de vue dans le Korsî et le Trône. Elle lui réapparut au niveau des Proportions cosmiques et dans la Substance ténébreuse, puis il la reperdit de vue dans la Nature universelle. Elle lui apparut de nouveau dans l'Âme universelle - envisagée comme étant l'Âme, non comme étant la Table préservée; puis dans l'Intellect instaurateur - envisagé comme étant l'Intellect, non comme étant le Calame.
Après quoi, cette forme subtile se sépara de l'adepte qui dès lors ne la vit plus distinctement.




Septième Demeure : La Divine Présence de l'Un-Seul .



Vingt et unième et ultime étape du mi'râj où l'adepte affronte l'épreuve de la transcendance et de l'immanence Divines.



A partir de cette Nuée, l'adepte entreprend la montée et l'ascension parmi les " Noms du tanzîh", jusqu'à ce qu'il atteigne la Divine Présence (Hadrat) dans laquelle il constate que le tanzîh (2) Le limite, Le désigne encore et L'entrave (Lui le Très-Haut). Il lève alors les yeux vers les arcanes les plus secrets des mondes intelligible, spirituel, corporel, mais dans les objets qui y apparaissent et dont le spectacle s'offre à sa vue, il ne distingue nullement ce qu'il convient d'écarter radicalement de Lui (Le Très-Haut). Il y voit simplement la relation de ces objets avec Lui comme marquant la relation du plan ontologique avec Celui qui en est le Maître et Détenteur.
Voyant cela, il ne peut "opérer le tanzîh" qu'il s'était imaginé (convenir à la transcendance Divine), ni "opérer le tashbîh" (3) (qu'il s'était imaginé convenir à l'immanence Divine), car en vérité il n'y a là rien de tel.



Distique



Il n'y a que DIEU Seul,
rien d'autre que Lui,
il n'y a que l'Unité des Unités.


Puis, l'adepte se sépare des Noms des Opérations et les Noms du Tanzîh s'inclinent en lui livrant passage. Il voit alors son compagnon le théoricien tomber pleinement d'accord avec lui(4), jusqu'à ce qu'il la Demeure qui n'abrite plus ni le tanzîh, ni le tashbîh. Si bien que l'adepte Le dégage de toute limite en rejetant le tanzîh, et Le dégage de toute dimension en rejetant le tashbîh. Arrivée à ce point, il perd de vue son camarade le théoricien.



source : L'Alchimie du Bonheur Parfait - Ibn'Arabi







1. C'est à dire 36. 000 ans, la "Grande Année" astronomique correspond à la durée de la "précession des équinoxes". Le terme final de cette grande période cosmique débouche sur l'eschatologie, le "temps de la Résurrection" l'Age du monde étant mesuré par le plérôme de la Connaissance Divine (les 36.000 sciences).

2. Il s'agit des Noms utilisés par la théologie négative ou apophatique pour énoncer la transcendance de DIEU.

3. Ce sont les Noms des Opérations qui permettent à l'intellect d'expérimenter le mystère de la transcendance et de l'immanence Divine.

4. Accord de principe entre l'adepte et le théoricien et qui repose sur les critères de la théologie négative que tout ce passage met en déroute. Bien évidemment, l'adepte est seul au point culminant de l'expérience du mi'râj, tandis que le théoricien est toujours immobilisé dans l'enceinte de Saturne.


Pour aller plus loin en compagnie d'ibn Arabi, voici quelques autres de mes anciens articles 

https://surlecheminduretour.blogspot.com/2018/06/le-prophete-initiateur-et-les-deux.html

https://surlecheminduretour.blogspot.com/2018/06/le-prophete-initiateur-et-les-deux_11.html

https://surlecheminduretour.blogspot.com/2018/06/le-prophete-initiateur-et-les-deux_12.html

https://surlecheminduretour.blogspot.com/2018/06/litineraire-mystique-de-ladepte-jusquau.html

https://surlecheminduretour.blogspot.com/2018/04/inspirations-prophetiques-des-sept.html

https://surlecheminduretour.blogspot.com/2018/04/a-ton-cur-se-revele-celui-qui-na-jamais.html

https://surlecheminduretour.blogspot.com/2018/01/guerre-et-paix-interieure-chez-ibn-arabi.html

https://surlecheminduretour.blogspot.com/2018/09/les-deux-misericordes-ibnarabi.html

https://surlecheminduretour.blogspot.com/2019/02/voyage-vers-le-maitre-de-la-puissance.html

sans oublier
https://surlecheminduretour.blogspot.com/2018/11/ibn-arabi-sois-attentif-au-signe-de.html

1 commentaire:

  1. Ce domaine est pratiquement réservés aux initiés puis qu'il dépasse toute entendement humaines hélas que les gens n'y prêtent pas attention puis qu'il y'a ici toute les connaissances du tous et de rien.

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