Seul Dieu a le pouvoir d’ôter les voiles de vos yeux, et vous ne trouverez pas de réponses ici, à moins qu'Il ne le veuille.

02 mai 2019

Le déluge est dans la mémoire commune de tous les peuples




L’an du monde 1686, le Seigneur fit entrer dans l’arche Noé, sa femme, ses trois fils et leurs épouses, avec des animaux de chaque espèce pour en conserver la race. Après quoi, voyant dans l’arche les huit personnes dont devait sortir un monde nouveau, et le nombre des animaux destinés à réparer les ruines de l’ancien, il ferma au dehors la porte de l’arche, en sorte que l’eau ne pouvait y pénétrer. Libre désormais de punir les coupables sans perdre le juste, il abandonna le monde aux effets de son indignation.
Tout à coup, la mer se déborde : tous les abîmes de la terre, tous les réservoirs du Ciel sont ouverts. Une pluie, plus effrayante par son abondance que par sa durée, tombe continuellement pendant quarante jours et quarante nuits. La surface du globe est inondée, et les eaux surpassent de quinze coudées les plus hautes montagnes.


Rien n’échappe : hommes, bêtes, oiseaux, tout périt. L’arche seule flotte tranquillement sur les eaux qui l’élèvent vers le Ciel à mesure qu’elles croissent, conservant dans son sein les prémices d’un monde nouveau.


La terre demeura couverte des eaux du déluge pendant cent quarante jours. Alors, Dieu fit souffler un vent qui les dessécha peu à peu. Pour prendre quelque connaissance de ce qui se passait, Noé ouvrit la fenêtre de l’arche, et donna la liberté à un corbeau. L’animal carnassier, ayant trouvé à vivre parmi tant de corps morts, ne revint pas. Cette circonstance fit juger à Noé que les eaux étaient déjà considérablement diminuées. Sept jours après, il laissa échapper une colombe, dans le même dessein qu’il avait eu en envoyant un corbeau ; mais cet oiseau, n’ayant point trouvé de terrain sec où reposer le pied, revint à l’arche. Il se présenta à Noé, qui lui tendit la main et le reprit. Le Patriarche attendit sept autres jours, et envoya la colombe une seconde fois. La colombe revint sur le soir, apportant à son bec une branche d’olivier dont les feuilles étaient vertes.


A ce signal, Noé jugea que les eaux s’étaient tout à fait retirées. Mais il prit le parti d’avoir patience encore sept jours, et il envoya la colombe pour la troisième fois. L’oiseau ne revint plus. Il attendit néanmoins, pour sortir, les ordres du Seigneur. Ces ordres lui furent donnés le 393ème jour après son entrée dans l’arche.


A peine Noé fut-il en liberté, que son premier mouvement le porta à un acte de reconnaissance. Il offrit un sacrifice au Seigneur, et le Seigneur lui promit de ne plus faire périr le monde par le déluge. « Voici le signe de l’alliance que j’établis pour jamais entre vous et moi, lui dit-il : lorsque j’aurai couvert le Ciel de nuages, mon arc paraîtra dans les nuées, et je me souviendrai, en le voyant, de la promesse que j’ai faite de ne jamais submerger le monde par une inondation générale. »


Ainsi, toutes les fois que nous voyons l’arc-en-ciel, nous devons nous rassurer, en nous souvenant que Dieu ne fera plus périr le genre humain par les eaux. De cette promesse divine, perpétuée par la tradition, était sans doute venue la vénération que les Péruviens paraissent avoir longtemps conservée pour l’arc-en-ciel, signe manifeste pour eux de la cessation à jamais de ces terribles inondations qui avaient produit le déluge.


Si le souvenir de cette circonstance particulière se trouve chez les peuples païens, à plus forte raison doit-on y trouver la mémoire de la terrible inondation qui fit périr le genre humain. En effet, la réalité du déluge est écrite en caractères ineffaçables dans deux grands livres ouverts à tous : la mémoire des peuples et la surface du globe. Pour nous en convaincre, interrogeons rapidement les nations qui ont paru aux différentes époques et sous les divers climats. Commençant par l’Asie, berceau du genre humain, nous entendrons, après les Juifs dont la croyance est connue, les anciens Perses nous dire que le déluge, dans lequel périt la race humaine, fut occasionné par une pluie qui dura dix jours et dix nuits.


Voici de quelle manière les Indiens nous racontent l’histoire de ce terrible événement. Wichnou s’adressa un jour à un roi de Dravadam, nommé Satievaraden, prince fort religieux. Le dieu lui dit : « Votre piété envers moi et votre charité envers les hommes me sont agréables ; ainsi écoutez ma parole : Je vous annonce que dans sept jours la mer submergera le monde. J’ai dessein de vous sauver de ce déluge, vous et les sept patriarches. C’est pourquoi préparez-vous à cet événement. Je vous enverrai un bâtiment où vous rassemblerez une provision de toutes sortes de semences, de fruits et de racines. Vous y monterez ensuite et serez porté sur les eaux ».


Le prince fit la provision de semences et de racines, tant pour sa nourriture que pour la reproduction dans le renouvellement du monde. A la fin du septième jour, les cataractes du Ciel furent ouvertes ; les nuées déchargèrent une pluie si abondante, que la mer couvrit toute la terre. Mais le bâtiment sous la sauvegarde de Wichnou était porté au-dessus des eaux, et tout ce qui avait été prédit arriva. Le déluge étant fini, les huit personnes conservées descendirent du bâtiment et adorèrent Wichnou. Ces mêmes peuples attribuaient le déluge à la corruption de la race humaine.


Les Chinois, si différents de nous par leurs institutions et leurs procédés, autant peut-être que par leur figure et leur tempérament, admettent aussi un déluge ; ils en font à peu près remonter la date à la même époque que nous. Leur Ghou-king, ou leur plus ancien livre, commence l’histoire de la Chine par un empereur nommé Yao, qu’il nous représente occupé à faire écouler les eaux qui couvraient la plus grande partie de la surface de la terre. Les Chinois avaient même institué une fête en commémoration de la mort des hommes qui avaient succombé lors du déluge. Cette fête, célébrée également par les Japonais vers la fin du mois d’août, avait le même but comme la même origine.


De pareilles croyances régnaient également chez les Arabes, les Turcs, les Mongols, les Babyloniens. Bérose, qui écrivait à Babylone sous Alexandre, parle du déluge avec des circonstances tellement semblables à celles de Moïse, que son récit paraît avoir été tiré de la même source ; et l’époque à laquelle il le place, c’est-à-dire immédiatement avant Bélus, père de Ninus, s’accorde avec celle que donne la Genèse.
Si de l’Asie nous passons en Afrique, les Égyptiens nous diront qu’à l’époque où Osiris était occupé à instruire les hommes en Ethiopie, le Nil déborda et inonda en entier la vaste plaine qu’il parcourt. Tous les hommes auraient péri par l’effet de ce déluge, sans la main puissante d’Hercule, qui seule put arrêter les eaux en élevant des digues, et sauver ainsi une partie du genre humain.


En avançant au coeur de l’Afrique, vous retrouvez les mêmes traditions chez les Abyssins. En Europe, voici les Scandinaves qui nous disent que, le géant Ymus ayant été tué, il coula de ses larges et profondes blessures une si grande abondance de sang, que le genre humain fut submergé. Un homme, qu’ils désignent sous le nom de Belgémer, fut, avec sa famille, le seul sauvé ; et cela, parce que, d’après l’ordre de la Divinité, il s’était retiré sur un gros bateau.


Les traditions des Celtes semblent encore plus explicites sur ce grand événement historique. D’après eux, comme d’après les peuples les plus anciens, le déluge aurait détruit l’universalité du genre humain, à l’exception pourtant de Dwvan et de Dwivach. Ceux-ci échappèrent seuls à ce danger, ayant construit à l’avance un vaisseau sans voiles, dans lequel ils avaient placé un individu mâle et femelle de tous les animaux qui existaient. Il n’est pas jusqu’aux pauvres Lapons qui n’aient aussi leurs traditions sur le déluge.


Pour achever notre voyage autour du monde, passons maintenant en Amérique. Les anciens Incas, lors de leur conquête du Pérou, cherchaient à persuader aux peuples dont ils devinrent les maîtres absolus que, depuis le déluge universel, dont le souvenir s’était conservé parmi les Indiens, le monde avait été repeuplé par leurs ancêtres. A les entendre, leurs aïeux, sortis au nombre de sept de la caverne de Pacaritambo, avaient seuls perpétué la race humaine. Dès lors tous les hommes leur devaient hommage et obéissance ; et ces idées ne favorisèrent pas médiocrement l’établissement de leur empire.


Ce souvenir du déluge était tellement empreint dans l’esprit des diverses peuplades du nouveau monde, qu’un des Indiens de Cuba apostropha Gabriel de Cabrera, en lui disant : Pourquoi me grondes-tu ? Ne sommes-nous pas tous frères ? Ne descends-tu pas comme moi de celui qui construisit le grand vaisseau qui sauva notre race ? Mêmes idées chez les sauvages de l’Amérique septentrionale. Ainsi, le souvenir du déluge et des crimes qui l’ont attiré s’est conservé dans la mémoire de tous les peuples. Tel est le premier livre dans lequel nous lisons ce grand événement rapporté par Moïse.


Le second, c’est la surface de notre globe. En effet, on trouve partout sur les montagnes, ainsi que dans les entrailles de la terre, même à une grande distance de la mer, une quantité prodigieuse de coquilles, de dents de poissons, de débris d’animaux marins, dont les espèces sont étrangères à nos contrées.
Il est évident que ces corps viennent de la mer, et qu’ils ont été transportés dans ces pays éloignés par une inondation subite et par un mouvement violent des eaux, sur toute la surface de la terre. Il n’est pas jusqu’à l’époque du déluge indiquée par Moïse, à laquelle les faits géologiques ne rendent hommage.


Si nous examinons, dans les Alpes, les résultats des actions qui ont dû commencer, lorsque ces montagnes ont pris leurs formes actuelles, tels que la formation des éboulis ou talus des montagnes, et celle des moraines, des glaciers ; si nous étudions les atterrissements formés par nos rivières actuelles, et si nous prenons en considération que les talus et les atterrissements devaient se faire bien plus rapidement, lorsque les escarpements étaient plus abrupts qu’ils ne sont aujourd’hui, nous serons portés à conclure avec Deluc, Cuvier, Buckland, que les révolutions qui ont donné à nos montagnes leurs formes actuelles, et à nos fleuves le cours qu’ils ont maintenant, ne remontent pas à des époques excessivement reculées. Ainsi la distance de 4 000 ans du moment actuel, que la Genèse donne au déluge, peut fort bien s’accorder avec les conséquences tirées des chronomètres naturels.



Mgr Gaume – Catéchisme de persévérance (1889)

Remerciements et Source

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