Seul Dieu a le pouvoir d’ôter les voiles de vos yeux, et vous ne trouverez pas de réponses ici, à moins qu'Il ne le veuille.

25 mai 2018

Si tu combats ton âme tu pourras aisément mener d’autres combats - Muhyi-d-dîn Ibn ‘Arabî




Attache-toi au grand combat qui est celui contre ta passion, la pire de tes ennemis et le plus proche puisqu’il fait partie de toi. Car Dieu – qu’Il soit glorifié – dit : « Ô Vous qui avez la foi, combattez ceux d’entre les mécréants qui vous sont les plus proches » (Coran, 9 /123). Or, rien n’est en toi plus ingrat et mécréant que ton âme, car à chaque souffle, elle se montre ingrate pour les bienfaits qu’elle reçoit de Dieu. C’est que si tu combats ton âme et que tu lui imposes cette lutte, tu pourras aisément mener l’autre combat contre les ennemis, dans lequel, si tu es tué, tu seras parmi les martyrs vivants qui jouissent de leurs subsistances auprès de leur Seigneur, satisfaits de ce que Dieu leur a accordé par un effet de Sa Grâce ; ils se réjouissent, pour ceux qu’ils ont laissé derrière eux, à l’idée qu’ils n’éprouveront pas de crainte. Or, tu sais que celui qui lutte sur le chemin de Dieu est semblable au jeûneur qui ne cesse de prier et de réciter les versets de Dieu et ce jusqu’à ce qu’il rentre chez lui avec butin et récompense. Or, tu sais par ailleurs, grâce au hadith authentique, que rien ne ressemble au jeûne. Pourtant le combat (al-jihad) se substitue à lui et à la prière sur le plan du mérite. C’est ce qui est parfaitement attesté par l’Envoyé de Dieu . Ceci se rapporte au combat obligatoire pour lequel l’homme désobéit, lorsqu’il l’abandonne, car cela est inéluctable.


C’est pourquoi le serviteur savant, parfaitement sincère avec lui-même, qui cherche à s’innocenter en matière de foi, ne cesse d’être en combat permanent parce qu’il est de par sa nature opposé à ce vers quoi Dieu l’appelle. En effet, il suit originellement sa passion qui s’apparente à la volonté par rapport à Dieu. Or Dieu fait ce qu’Il veut, car nous sommes tous Ses serviteurs, sans s’exposer à aucune interdiction ; tandis que l’homme veut faire ce qu’il désire mais il s’expose à l’interdiction, car sa volonté n’est pas absolue. Voilà la raison qui implique qu’il soit sans cesse en combat. C’est pourquoi ceux qui sont dotés d’ambitions élevées cherchent à rejoindre les degrés de ceux qui possèdent la connaissance de Dieu afin que leur volonté soit la Volonté de Dieu, c'est-à-dire qu’ils veulent tout ce que Dieu veut à savoir ce qu’ils sont comme créatures : ils le veulent dans la mesure où Dieu veut l’existentiation de la création ; et ne détestent, par la détestation divine, que ce que Dieu déteste et n’agrée pas. Donc, le serviteur le veut et ne l’agrée pas, et il le veut et le déteste dans l’essence de Sa volonté s’il veut être croyant, autrement il se dépouille de la foi – que Dieu nous en préserve ! Car cela est la pire des privations. C’est cela le « droit réprouvé », comme tu dis sur la médisance : c’est le droit interdit.



Cheikh Muhyî-d-Dîn Ibn Arabî, Kitâb al-wasâyâ, traduit de l’arabe par Mohamed al-Fateh : Paroles en Or, édition Iqra. 

1 commentaire:

vous pouvez me contacter directement par mail elfieraleuse@gmail.com