Seul Dieu a le pouvoir d’ôter les voiles de vos yeux, et vous ne trouverez pas de réponses ici, à moins qu'Il ne le veuille.

21 mars 2019

Le Théosophisme - Fin du cycle et parodie de l'androgynie primordiale




« (...) Dans d’autres milieux analogues, spirites et occultistes, il y a aussi des dessous assez répugnants ; nous les avons signalés dans L’Erreur spirite (pp. 316-327), en nous bornant d’ailleurs, comme ici, à citer des faits et des témoignages ; mais ce qu’il y a de nouveau dans l’affaire dont nous avons à nous occuper présentement, et ce qui lui donne une particulière gravité, c’est la prétention de répandre dans le « monde extérieur » les théories et les pratiques de Leadbeater et de ses associés ; quelles intentions vraiment « diaboliques » peuvent bien se cacher là-dessous ? 


Quelques questions posées par les membres d’Agni à Mme Besant aideront peut-être à les pénétrer : 

« Ce n’est plus de M. Leadbeater seul qu’il s’agit, et le système d’après lequel on tâche de « guérir les adolescents de leurs habitudes vicieuses », ce système pratiqué par lui, préconisé, avec votre approbation, par le Dr Van Hook, est adopté par la communauté entière. Ainsi prend corps la conception d’ordre spéculatif que vous aviez exposée dans votre article du Theosophist. Une règle de morale en découle, avec une captieuse logique : les Êtres qui président à l’évolution n’ont-ils pas libéré Mme Blavatsky de ses mauvais éléments karmiques en les lui faisant résoudre en actes ? Pourquoi alors leurs disciples, les Initiés de Sydney, n’useraient-ils pas d’un moyen analogue pour libérer des enfants des vices futurs qu’ils aperçoivent dans leur aura ? Une objection se présente toutefois à l’esprit de ceux même qu’émeuvent de tels arguments : les pratiques dont il s’agit, jointes à la crainte de la femme qu’on inspire en même temps aux « sujets », ne tendent-elles pas à détruire chez eux un attrait qui, lorsqu’il se transforme en amour, donne à l’acte procréateur un caractère sublime et divin ? De quel droit imposerait-on un frein à ce mobile qui agit sur tous les plans et rentre dans le Dharma (la loi) de notre humanité ? Dans divers pays, en Angleterre notamment, le législateur n’en a-t-il pas eu l’intuition en punissant comme un crime la dépravation qui affecte l’instinct génésique auquel la race doit sa conservation ? Cette objection, vous semblez l’avoir prévue. 

Comme pour y parer d’avance, vous commencez par faire sentir à ceux qui pourraient la soulever leur incompétence dans cette matière qui préoccupe aujourd’hui le monde religieux aussi bien que le monde savant, et dont un des points principaux porte sur le néo-malthusianisme que vous avez prêché jadis, combattu plus tard, et dont vous constatez aujourd’hui le progrès dans l’opinion publique, naguère encore soulevée contre lui. Ou cette allusion n’a aucun sens, ou son sens le voici : le même revirement s’accomplira bientôt au sujet de la doctrine Leadbeater-Van Hook et des pratiques qu’elle formule. Ce revirement s’accentuera à mesure que « le processus de développement mental déterminera l’affaiblissement de l’instinct sexuel et du pouvoir créateur physique ». Est-ce donc que vous considérez comme désirable la fin de la sous-race ? Prépare-t-elle, selon vous, l’avènement d’une sous-race nouvelle, la sixième, où commencera, dans une humanité en travail d’évolution boudhique, le retour de l’androgynie initiale et finale ? Et, dès lors, estimez-vous moral, c’est-à-dire conforme à l’évolution, tout ce qui est fait pour accélérer cette fin et cet avènement ? On pourrait le croire d’après certains de ces propos qui filtrent à travers les parois de l’E.S. pour se répandre subtilement dans le corps de la S.T. » Nous ne pouvons ni ne voulons développer ici tout ce qu’impliquent les dernières lignes de cette citation ; on y retrouverait, sous la phraséologie propre aux théosophistes, un écho de certaines idées qui semblent venir de beaucoup plus loin, mais qu’ils ont, comme toujours, grossièrement matérialisées. Nous ajouterons seulement qu’un écrivain qui paraît très bien informé a signalé que le « revirement de l’opinion » dans le sens qui vient d’être indiqué se présente comme faisant partie d’un plan bien défini, que « tout se passe présentement comme si certains protagonistes des mauvaises mœurs obéissaient à un mot d’ordre » (Jean Maxe, Cahiers de l’Anti-France, sixième fascicule). 

Ce mot d’ordre, ce ne sont sûrement pas les dirigeants du théosophisme qui l’ont donné ; mais ils y obéissent, eux aussi, et, consciemment ou non, ils travaillent à la réalisation de ce plan, comme d’autres y travaillent également dans leurs domaines respectifs. Quelle formidable entreprise de détraquement et de corruption se cache derrière tout ce qui s’agite actuellement dans le monde occidental ? On arrivera peut-être à le savoir un jour ; mais il est à craindre qu’il ne soit alors trop tard pour combattre efficacement un mal qui gagne sans cesse du terrain et dont la gravité n’échappera qu’aux aveugles : qu’on se souvienne de la décadence romaine ! »

René Guénon, Le Théosophisme, Histoire d'une pseudo-religion, Notes additionnelles à la seconde édition.

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