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24 juin 2018

Réalité et signification de la Patience - Al Ghazâli


Sache que la patience est une des stations (maqâmat) de la Religion et une demeure parmi celles que traversent ceux qui cheminent vers DIEU.


L'ensemble des stations de la Religion s'ordonne autour de trois Axes: les connaissances, les états spirituels et les actes de piété. Les connaissances sont les fondements; elles constituent la source des états. Ceux-ci, à leur tour, donnent naissance aux actes.


Les connaissances sont donc semblables à un arbre dont les états sont les branches et les actes les fruits.

Ceci est valable pour toutes les demeures que traverse celui qui chemine vers DIEU Très-HAUT.


Dans certains cas, on réservera le terme "foi" pour (désigner) les connaissances, dans d'autres, il désignera l'ensemble comme nous l'avons fait en mentionnant la différence entre la foi et la soumission dans notre livre ( les principes du Dogme).

La patience, comme toutes les autres stations, n'est obtenue que par une connaissance préalable et opérante. En réalité, la patience est une expression de cette connaissance et les actes sont les "fruits" qu'elle produit.


On ne peut connaître cela sans connaître la situation respective des Anges, des êtres humains et des animaux.


La patience est propre à l'homme et on ne peut l'attribuer ni aux Anges eu égard à leur perfection ni aux animaux car ils en sont incapables. En effet, les animaux sont dominés par les besoins concupiscents; ils y sont entièrement soumis. Tout mouvement et tout repos est motivé par un besoin. Ils n'ont pas la faculté d'y opposer une résistance. Si cette résistance était ferme, elle serait nommée patience.


Les Anges (sur eux la paix) ne possèdent que le désir ardent de la seigneuriale et l'allégresse de la proximité DIVINE. Aucun désir ne vient les en détourner. Ils n'ont pas besoin d'une force qui éloignerait ce qui détourne de la Présence de Majesté.


Quant aux hommes, ils naissent imparfaits comme les animaux et n'ont, dans un premier temps, que l'appétit qui les pousse à se nourrir. Puis, apparaît l'envie de jouer, de s'embellir et enfin le désir sexuel. Les enfants n'ont absolument aucune patience. Cette dernière étant ici la faculté d'opposer une force à une autre afin de lui résister. Or, chez l'enfant la seule force présente est celle de l'envie comme chez les animaux. Mais DIEU Très-Haut, par Sa Grâce et la largesse de Sa générosité, a honoré les fils d'Adam et les a élevés au-dessus de ces derniers. A chaque homme, Il a assigné deux Anges : le premier le guide et le second le renforce. La connaissance apportée par les deux Anges distingue l'être humain de l'animal.






 (Dès lors), l' homme possède deux qualités spécifiques. La première est la connaissance de DIEU Très-Haut, de l' Envoyé et de la manière d'aboutir aux issues heureuses. Tout cela arrive par le biais de l'Ange chargé de la connaissance. Quand aux animaux, ils ne possèdent ni connaissance ni guidée qui les amèneraient aux issues heureuses; ils ne savent qu'assouvir leurs besoins immédiats. Voilà pourquoi ils ne recherchent que l'agréable : le remède profitable, mais éventuellement désagréable sur le coup, n'est pas apprécié chez eux.

Par la lumière de la guidée, l'homme sait que suivre ses désirs concupiscents amène à des conséquences fâcheuses.

Cependant, cette guidée n'est pas suffisante car l'homme n'a pas le pouvoir (par lui même) de se séparer de ce qui lui est nuisible. Combien de méfaits atteignent l'homme, telle la maladie, sans qu'il ait la possibilité de les repousser. Il a donc besoin d'un pouvoir et d'une force qui l'aideront à vaincre ses désirs. Il luttera contre eux grâce à cette force afin de vaincre leur hostilité.

 A cette fin, DIEU Très-Haut lui a assigné deux Anges qui le renforcent et l'assistent par des "armées" (junûd) invisibles. Elles sont chargées de combattre les forces liées aux désirs concupiscents qui peuvent diminuer ou se renforcer. Cela dépend de l'assistance que DIEU accorde à Son serviteur. De la même façon, la guidée est différente chez chacun et reste indéterminable.

La qualité qui distingue l'homme de l'animal et qui consiste à réfréner et dompter les désirs concupiscents sera appelée " élan religieux " et la tendance qui consiste à rechercher ces désirs et à se plier à leur exigence sera appelé " élan passionnel ". Il y' a ainsi lutte entre ces deux élans. Le siège de cette bataille est le coeur du serviteur. Le renfort de l'élan religieux provient des Anges qui sont auxiliaires de DIEU Très-Haut dans cette "guerre"; celui de l'élan passionnel provient des démons qui sont les auxiliaires des ennemis de DIEU.

La patience désigne la ferme constance de l'élan religieux face à l'élan passionnel.

Si (le serviteur) est ferme dans l'opposition aux désirs concupiscents jusqu'à pouvoir les dompter, il vaincra pour le parti de DIEU et sera au nombre des patients. Mais s'il abandonne (la lutte) et s'affaiblit au point d'être vaincu par la force des désirs sans faire preuve de patience en les repoussant, il sera au nombre de ceux qui suivent les démons.

Ainsi donc, l'état spirituel qui amène à abandonner les actes se nomme "patience". Cet état représente l'affirmation de l'élan religieux dans son opposition à l'élan passionnel.

L'affermissement de l'élan religieux est l'état spirituel qui naît de la connaissance de l'hostilité des désirs concupiscents et de leur opposition aux causes du bonheur dans ce monde et dans l'Au-delà.

Si la certitude - ou connaissance nommée foi - que les désirs concupiscents sont ennemis placés en travers du chemin vers DIEU se renforce, l'élan religieux se raffermira. C'est alors que l'opposition à ces désirs deviendra parfaite.

Ainsi, l'abandon des désirs concupiscents n'est possible que par la force religieux dans son opposition à l'élan passionnel. La connaissance et la foi mettent en évidence les conséquences malheureuses de ces désirs.



Les deux Anges dont nous avons parlé sont assignés à chaque être humain. Si tu sais que le degré de l'Ange chargé de la guidée est plus élevé que celui de l'Ange chargé de renforcer, il ne t'échappe pas que le côté droit étant le plus noble des deux côtés, est occupé par le premier. Le deuxième Ange occupe ainsi la gauche.

Le serviteur connaît deux situations : l'insouciance et l'attention ou encore l'abandon et la lutte. Par là, il se détourne de l'Ange de la droite. Par là, il est injuste envers lui : une mauvaise action lui sera alors inscrite. A l'inverse, par l'attention il se tourne vers l'Ange afin de profiter de la guidée. Il se montre ainsi bienfaisant : une bonne action lui sera incrite.

De même, par l'abandon (de l'effort) il se détourne de l'Ange de la gauche et perd la source de sa force. Par là, il est injuste lui : une mauvaise action lui sera inscrite. Par contre, par la lutte, il profite des armées (invisibles) : il lui sera inscrit une bonne action. Ces bonnes et mauvaises actions ne sont inscrites que si elles sont résolues.

Parce qu'ils notent les actions, ces deux Anges sont nommés (dans le Coran) nobles Scribes. Nobles parce que bienfaisants envers le serviteur par leur générosité et parce que tous les Anges sont nobles et obéissants. Scribes parce qu'ils notent les bonnes et les mauvaises actions.

Ils écrivent sur des feuilles cachés dans le secret du coeur du serviteur afin de rester inaccessibles en ce monde. Ces Anges, leur écriture, leur graphie, et leurs feuillets et tout ce qui les concerne relève du Mystère du Royaume céleste, et non du monde sensible. Or, tout ce qui relève du Royaume céleste ne peut être saisi par la vue dans notre monde.

Ces feuillets seront présentés au serviteur à deux reprises : lors de la résurrection mineure puis lors de la résurrection majeure. J'entends par résurrection mineure la mort car le Prophète (sur lui la Grâce et la Paix) a dit :

" Celui qui meurt vit alors sa résurrection." (hadith rapporté par Anas)

Dans cette résurrection, le serviteur est seul.

C'est d'elle qu'il fut dit :

" Vous êtes venus à Nous seuls comme lors de la première création." coran VI, verset 93.

" Ton âme suffit en ce jour pour te juger ! " coran XVII, verset 14.

Mais lors de la grande résurrection qui rassemblera toutes les créatures, le serviteur ne sera pas seul. Il sera, de toute évidence, jugé avec une assemblée d'autres créatures car les pieux seront amenés au Paradis par groupes et les malfaisants seront jetés en Enfer par groupes aussi....

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source : le livre de la patience d'Abu Hamid Al-Ghazâli

Pour télécharger le livre complet, ici.

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