Traditionnellement, l'Unité, le Principe à la source de la manifestation de tous les êtres, se polarise en un principe actif (Essence) et un principe passif (Substance).
Selon toutes les formes traditionnelles occidentales, de l'Antiquité au Moyen Âge, l'Unité polarisée donne naissance à trois ordres hiérarchiques fondamentaux:
Les trois ordres fondamentaux
Le terme médian, l'âme, est relativement passif par rapport à l'Esprit actif (proprement essentiel) et actif comparativement au corps passif (purement substantiel). Notez que la particularité la plus communément reconnue à l'homme, le mental, fait également partie du terme médian.
Après le Moyen Âge, l'assimilation de l'Esprit à l'âme conduit à l'irréductible dualité cartésienne corps-âme. En conséquence, l'attention portée de moins en moins à l'Esprit déboucha, au XVIIIe siècle, sur une anthropologie moniste réduite au corps et ouvrit la voie à “l'homme machine” (La Mettrie).
Bien entendu, les principaux états de l'être s'accordent avec la hiérarchie précédente:
L'être total qui a rejoint le monde essentiel, l'Esprit.
L'être humain, un individu véritable (de “individuum” signifiant indivisible), un modèle de l'équilibre entre les mondes essentiel et substantiel.
L'être ordinaire qui reste attaché au monde substantiel, au corps.
L'être humain fait référence au monde individuel tandis que l'être total relève du monde supra-individuel. L'être ordinaire ou humain peut progresser selon cette hiérarchie par des passages successifs d'un état à un autre. Chacun de ces passages, consistant en une mort à l'état actuel et une re-naissance dans un autre, repose sur la nature de l'être.
Nature de l'être
La nature de l'être consiste en deux facettes étroitement liées:
Ce qu'il est, sa “personnalité” représentant sa nature propre, intérieure ou active.
Toutes les influences du milieu entourant l'être lorsqu'il se manifeste dans un certain état et représentant sa nature extérieure ou passive.
La constitution de l'être n'émane pas de l'extérieur, mais de l'être lui-même, par l'action de sa nature intérieure sur la nature extérieure. Pour illustrer ce propos, considérons un dessin où l'axe vertical représente la nature intérieure et le plan horizontal la nature extérieure.
La verticale décrit tous les états de manifestation, expression de l'être lui-même perçu au niveau du microcosme. Propre à l'être et couvrant tous les ordres, depuis le corps jusqu'à l'Esprit, l'axe vertical de l'être relève du monde supra-individuel.
Le plan horizontal dépeint le domaine d'un état de manifestation spécifique, le milieu en relation avec cet état considéré au niveau du macrocosme. Dans le cas de l'individu, ce domaine couvrira à la fois les ordres relatifs au corps et à l'âme.
La manifestation de l'être dans un état spécifique sera déterminée par l'intersection de la verticale avec un plan horizontal. Même si deux êtres sont manifestés dans un même état, les verticales et les points d'intersection différeront tout comme leurs natures propres. En d'autres termes, c'est l'être lui-même qui détermine les conditions de sa manifestation dans un certain état en fonction des spécifications représentées par le plan horizontal.
Au cours de sa manifestation dans un état défini, l'être ne prend du milieu que les spécifications en accord avec les possibilités qu'il porte en lui-même relativement à cet état. Bien plus, toute véritable relation entre deux êtres ne peut être que le produit de leurs propres natures. Les influences qu'un être semble subir ou recevoir de son partenaire ne sont en fait que l'expression de ses propres possibilités.
Les éléments empruntés au milieu doivent être en correspondance avec les possibilités de l'être, sous peine de ne pouvoir être assimilés. L'être n'est sujet au milieu que dans la mesure où les influences externes ne s'accordent pas avec certaines de ses possibilités propres et jouent un rôle restrictif. Cependant, ces restrictions peuvent agir au niveau d'un certain état d'être et non nécessairement d'un autre. Il s'ensuit que les influences externes ne sont pas attachées à l'être et ne doivent pas irrémédiablement le suivre dans ses états successifs de manifestation.
Lorsque les influences extérieures sont en complète harmonie avec les possibilités intérieures de l'être, il est à même de les développer toutes de manière équilibrée pour devenir un être humain à part entière et, au-delà de l'individualité, un être total. Cet ultime état, qui englobe l'état humain, ne saurait être réduit à celui-ci.
Lorsque le milieu limite l'actualisation des possibilités, certaines d'entre elles restent potentialisées tant que l'être ne s'est pas tourné vers un autre état où les conditions extérieures ne jouent plus un rôle restrictif. Jusque là, il reste un être ordinaire.
Notez que le Principe ou l'Unité est indivisible et contient tous les degrés essentiels et substantiels de la manifestation de la nature des êtres, tant intérieurs qu'extérieurs. À mesure que nous descendons l'échelle des degrés de la manifestation, du spirituel au corporel, des limitations apparaissent en relation avec les conditions extérieures. En effet, la descente des degrés de la manifestation implique de plus en plus d'états substantiels et distincts (sources de multiplicité) et de moins en moins d'états essentiels et de possibilités d'unification (sources d'intégration). Aussi, il peut être plus difficile de remonter l'échelle pour un être ordinaire que pour un humain véritable.
Que pouvons-nous en retirer au sujet de l'environnement ?
Tous les êtres diffèrent selon leur nature intérieure et se manifestent en fonction de leur nature extérieure ou environnement. Au cours de la manifestation de tous les états, la hiérarchie des ordres décrit une séparation graduelle entre l'unité qualitative essentielle et de la multiplicité quantitative substantielle, le pôle spirituel et le pôle corporel, l'état d'être total et l'état d'être ordinaire. Au sein des états intermédiaires, se tient l'être humain où les deux pôles sont en équilibre.
La plupart des êtres n'ont jamais été aussi dévalorisés qu'aujourd'hui. Principalement réduits à de simples entités physiques, ils sont privés des possibilités de communication avec les ordres de réalité supérieure. Le règne de la mondialisation, de l'ordre quantitatif et substantiel n'est certainement pas un signe de progrès, mais seulement d'extension de l'ordre de manifestation le plus bas à l'ensemble de la planète. Cela procède davantage d'une tendance à “l'uniformisation” qu'à “l'unification”.
L'être ordinaire, qui fait partie du monde cosmique, ne joue pas le rôle anodin d'un simple spectateur. Il est devenu un acteur clé des influences exercées sur le monde dans lequel il vit. Ses interventions ne se limitent pas seulement aux modifications artificielles évidentes imposées aux mondes terrestre et spatial. L'expansion des perspectives quantitatives ne peut, en effet, que renforcer l'assise de l'ordre physique au sein des vues de l'être ordinaire et des réactions de l'environnement.
En réduisant la vie à l'ordre le plus bas, l'être ordinaire est investi de la conviction illusoire de pouvoir la maîtriser. Il recherche désespérément une vie confortable, à l'écart des trouble-fêtes et des accidents, au moyen de processus automatisés parfaitement régulés. Toutefois, l'automatisation du milieu, de l'environnement, ne peut que rendre l'homme dépendant de celui-ci et automatiser sa propre nature en retour. Tandis que l'automatisation s'accélère, les constants changements dans la nature intérieure et extérieure de l'être aboutissent à un monde de plus en plus précaire et instable. Conséquemment, rien ne peut prévenir les accidents dans ce “système clos” (fermé aux ordres supérieurs), totalement artificiel et niant la véritable nature de l'être.
Un des premiers pas vers la sortie de ce monde restreint consiste à dépasser l'ordre purement physique en suivant la voie de la véritable nature humaine, une nature où Substance et Essence, aspects physique et spirituel s'équilibrent. Emprunter cette voie signifie premièrement passer d'un état matériel, automatisé et inanimé à un état réellement vivant, davantage conscient et animé (du latin “anima” signifiant souffle ou âme).
Qu'en est-il de la diversité biologique ?
Aussi, le changement clé concernant le monde environnant devrait avoir trait à la préservation de la vie végétale et animale, de ses habitats et de la variété génétique. La terre porte une diversité extraordinaire de plantes et d'animaux couvrant des millions d'espèces dont seulement 1,75 million sont connues et identifiées à ce jour.
La biodiversité est essentielle au maintien de la stabilité écologique de la planète. Elle permet à des espèces variées de relever les défis d'un monde en perpétuel changement et de remplir les différentes fonctions de la biosphère. Cela est d'autant plus important qu'aucune théorie scientifique n'est à même d'expliquer, par exemple, les teneurs en méthane et autres substances au sein de l'atmosphère car elles résultent non de procédés physico-chimiques, mais vivants. Une biodiversité particulièrement en danger de nos jours. Il suffit de penser à la culture d'une seule variété et à l'élevage d'une espèce unique si prisés pour leurs rendements par l'agriculture moderne. Préserver et, si possible, restaurer la biodiversité constitue l'un des principaux défis auxquels l'humanité doit faire face aujourd'hui. Une préservation sûrement pas confinée aux réserves ou aux banques de gènes et une restauration ne s'appuyant certainement pas sur les plantes OGM (Organismes Génétiquement Manipulés ou Modifiés) qui ne tendent qu'à diminuer la variété animale et végétale naturelle.
Notons par ailleurs que les plantes OGM ne satisfont pas les exigences d'une agriculture durable pour deux raisons principalement:
Ils ne peuvent garantir la sécurité alimentaire des pays car leurs impacts sur l'environnement et la santé des êtres vivants et des écosystèmes sont pour le moins incertains;
Ils ne peuvent garantir l'autonomie alimentaire des pays qui les cultiveraient puisque ces derniers deviendraient totalement dépendants des quelques firmes multinationales qui les approvisionneraient.
Depuis bien longtemps, l'homme a exploité la diversité biologique des espèces sauvages pour créer de nouvelles formes hybrides ou améliorer celles qui existaient déjà. L'humanité dispose en effet, dans la faune et la flore sauvages, d'un énorme réservoir potentiel pour la diversification des cultures, des médicaments, des fibres et de l'alimentation. Une ressource essentiellement concentrée dans les forêts équatoriales et les zones humides spécialement menacées de nos jours. Et les plantes OGM ne pourront jamais remplacer cette fabuleuse réserve, méconnue pour l'essentiel. Qu'à cela ne tienne ? Nous ne perdons pas ce que nous ne connaissons pas!
La plupart des sources de pollution ayant un impact sur la nature et la biodiversité, une approche de préservation de la diversité biologique couvrirait ipso facto les préoccupations environnementales dominantes. Elle rencontrerait également les aspects liés à la pollution du sol, de l'eau, de l'air et sonore dérivant des activités économiques et de loisirs particulièrement menaçantes pour la nature et la biodiversité:
Principaux dangers menaçant la nature en général et la biodiversité en particulier.
Bibliographie
René Guénon
“La Grande Triade”. Éditions Gallimard, 1957;
Particulièrement, les chapitres XI intitulé “spiritus, anima, corpus” et XIII relatif à “l'être et le milieu”.
“Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps”. Éditions Gallimard, 1972
Spécialement, les chapitres VII relatif à “l'uniformité contre l'unité” et XI traitant de “Unité et simplicité”.
Jean-Marie Pelt:
“Plantes et aliments transgéniques”. Éditions Fayard, 1998.
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