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19 août 2018

Le serpent enroulé autour de l'arbre



L'être, l'arbre et le serpent



Dans la mythologie, il est fréquent d'assimiler un être à un arbre ou de le transformer en végétal. Ses pieds posés à terre représentent les racines, son torse le tronc de l'arbre et ses bras les premières branches. Comme l'arbre, il symbolise le lien entre la Terre et le Ciel, l'axe qui relie ses démons les plus profonds à ses aspirations les plus élevées. Si l'axe représente la voie directe entre la Terre et le Ciel, le serpent enveloppant l'être ou l'arbre dessine une voie indirecte, non pas rectiligne, mais cyclique où la fin d'un cycle coïncide avec le début du suivant.

Chaque cycle est scindé en deux phases successives lumineuse et sombre. L'être est, en effet, orienté selon les quatre points cardinaux et présente un côté éclairé au sud et un côté sombre au nord. La phase lumineuse d'un cycle correspond à la naissance d'un nouvel état d'être; la phase obscure à l'extinction de cet état et à la préparation de la naissance d'un nouvel état à la lumière d'un nouveau cycle.

Par ailleurs, les cycles inférieurs sont associés au monde terrestre, de l'obscurité et de l'ignorance tandis les cycles supérieurs relèvent du monde céleste, de la lumière et de la connaissance. Il s'ensuit que la voie descendante du Ciel vers la Terre, de la lumière vers l'obscurité, correspond à la manifestation du Principe à la source de tous les êtres et de toutes les choses. À l'inverse, la voie ascendante de la Terre vers le Ciel, de l'obscurité vers la lumière, va de pair avec un retour de la manifestation vers le Principe.

Les cycles peuvent être associés à la course quotidienne apparente du soleil, alternativement diurne et nocturne, lumineuse et obscure. Quant aux voies descendante et ascendante, elles sont à mettre en relation avec la course annuelle apparente du soleil ou, plus précisément, avec le mouvement du soleil à son zénith, descendant entre les solstices d'été et d'hiver et ascendant entre les solstices d'hiver et d'été.

Le soleil est une image sensible du Centre de l'univers, du Principe immuable originel. Il est l'ordonnateur des cycles de l'existence et le rayon de l'Axe du Monde passe par lui.

En conséquence, l'ascension vers le Principe implique de passer de l'un des multiples cycles à sa projection sur l'Axe. Cette projection représente le centre de l'état d'être associé au cycle. L'être pourra alors s'élever de centre en centre vers le Principe.



La Toison d'or et l'arbre du jardin des Hespérides

La Toison d'or


Héra (la protectrice) supportait très mal les infidélités de son divin époux, Zeus. Aussi, contraignit-elle Néphélé (la nuée), qui était amoureuse de Zeus, d'épouser Athamas, fils d'Éole. Le couple eut deux enfants, un fils Phrixos et une fille Hellé. Le couple battait de l'aile et Athamas s'éprit d'Ino. Ino projeta de se débarrasser de Phrixos et de Hellé. Au moment d'être sacrifiés, le frère et la sœur montèrent sur le dos d'un bélier ailé à la toison d'or, don de Zeus à Héra. Le bélier avait été envoyé par Héra pour sauver les enfants. Ils franchirent la mer, mais prise de vertige, Hellé tomba dans ce qui devint l'Hellespont (détroit des Dardanelles). Parvenu en Colchide, aux limites orientales du monde connu, là où le soleil se lève, Phrixos sacrifia le bélier à Zeus et fit don de la toison à Aiétès (l'aigle), roi de la contrée. Ce dernier accrocha la Toison d'or à un arbre protégé par un serpent ou la déposa dans une grotte gardée par un dragon selon la version référencée.

Aeson, roi d'Iolcos, fut détrôné par son frère Pélias. Jason voulut rétablir son père sur le trône et se mit en route pour Iolcos. Pélias lui promit le royaume s'il parvenait à s'emparer de la Toison d'or. Bien que la mission fut réputée impossible, Jason embarqua avec les Argonautes et, après nombre d'épreuves, conquit la fabuleuse toison. Il fut cependant aidé dans son entreprise par Médée, fille du roi Aiétès. Fortement éprise de Jason, Médée usa de la magie pour endormir le gardien de la Toison d'or.

Jason n'a pas affronté le gardien du trésor et s'est s'emparé d'une toison en dépit du fait qu'il ne la méritait pas. En effet, l'acquisition fut l'œuvre du couple et lorsque Jason se sépara de Médée, il connût une fin tragique. Il ne put jamais retrouver le chemin de la lumière.

La Toison d'or est un symbole solaire et les cornes du bélier une image du rayonnement de l'astre. Il s'agit du rayonnement du Soleil spirituel qui ne quitte jamais son zénith. Il est propre au monde invisible au-delà du soleil visible; il relève de la Lumière de la Connaissance du Principe immuable au-delà de la lumière de la connaissance du monde visible.



L'arbre aux fruits d'or du jardin des Hespérides



Filles de Nyx (la nuit) et d'Érèbe (l'obscurité), les Hespérides (nymphes de l'occident) étaient dénommées Aeglé, Érythie et Hespéra. Elles vivaient sur une île située aux limites occidentales du monde connu, là où le soleil se couche. Les trois sœurs résidaient dans le jardin où poussait l'arbre aux fameux “fruits d'or”, souvent appelés “pommes d'or” en raison de l'origine latine pomum du terme générique fruit.


L'or est un symbole de la lumière, tout particulièrement du soleil. Situé au Centre du Monde, le Soleil symbolise la Lumière du Principe immuable qui régule le mouvement des planètes et dispense la vie aux êtres. L'immutabilité est source d'immortalité caractéristique d'un état d'être au-delà de l'existence individuelle ou cosmique. L'être s'affranchit de sa condition individuelle et passe de l'emprisonnement dans la dualité à la délivrance dans l'unité. Il est libéré des cycles de mort à un état d'être suivi d'une renaissance dans un autre. Il peut alors s'unir au Principe en goûtant au fruit du jardin des Hespérides et retrouver son état originel.


Gardés par un serpent ou un dragon, ces fruits symbolisent l'état unifié au-delà des antagonismes. L'animal en autorisait la cueillette aux seuls êtres qualifiés. Afin de pouvoir établir une distinction entre les êtres, le gardien devait être en mesure d'accéder au principe unifiant les opposés: céleste et terrestre, bénéfique et maléfique etc.

Les liens des Hespérides avec l'arbre et le serpent sont encore davantage soulignés dans une autre légende selon laquelle Aeglé fut changée en saule, Érythie en ormeau et Hespéra en peuplier:
Le saule toujours vert est un symbole de la Lumière éternelle, de la Vie spirituelle immortelle;
L'ormeau ou le petit orme hermaphrodite correspond à la base de la fourche où les opposés sont prêts à se manifester;
Avec ses feuilles sombres d'un côté et claires de l'autre, le peuplier symbolise la dualité des opposés: mort et renaissance, nuit et jour, obscurité et lumière, ignorance et connaissance etc.

Ces trois arbres représentent trois aspects (unité, dualité potentielle et dualité manifestée) réunis au sein de l'Arbre de Vie et du serpent gardien de ses fruits.




La croix et le serpent


Avec ses racines plongeant dans le sol et ses branches s'élevant vers les hauteurs, l'arbre symbolise le lien entre la Terre et le Ciel. Son tronc vertical représente l'Axe du Monde regroupant l'ensemble des centres des états de l'être, depuis les plus terrestres jusqu'aux plus célestes. Ses branches horizontales caractérisent le déploiement des états de l'être à partir de leurs centres respectifs selon une multitude indéfinie de modalités. Il est symbolisé par la croix latine, à une ou plusieurs branches, de la tradition biblique.

Toute section horizontale de l'arbre au niveau d'un état donné partage l'ensemble des états de l'être entre les états supérieurs et les états inférieurs à l'état considéré. La coupe de l'arbre au niveau de cette section ne retient que les seuls états inférieurs à l'état donné. Cet arbre tronqué dépeint généralement les états physiques et psychiques de l'être propres au monde de la dualité. Il est symbolisé par la croix Tau de la tradition égyptienne.

Enroulé autour de la croix Tau, le serpent fait le lien entre le monde de la dualité et l'Arbre de la Science du bien et du mal. Quant à la croix latine, elle symbolise la totalité des états de l'être (physiques, psychiques et spirituels), l'alliance de l'unité et de la dualité à l'image de l'Arbre de Vie.


René Guénon:
“Le symbolisme de la croix”. Éditions Guy Trédaniel, 1996;
Notamment, le chapitre XXV intitulé “L'arbre et le serpent”.

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