Seul Dieu a le pouvoir d’ôter les voiles de vos yeux, et vous ne trouverez pas de réponses ici, à moins qu'Il ne le veuille.

15 septembre 2020

La Magie Adamique-4



Dans les pérégrinations des Patriarches, la connaissance était transmise
par tradition, de père en fils, car il n’en pouvait être autrement : Israël
était une famille. Mais lorsque Dieu leur attribua leurs possessions et que
cette famille s’étendit à toute une nation, les secrets se maintinrent
auprès des aînés des tribus, comme précédemment auprès du père de
famille.
Ces aînés furent certainement ceux de la Septante Mosaïque qui
formèrent le Sanhédrin. Parmi le reste, Dieu choisit les serviteurs et les
dispensateurs des mystères. Personne ne mettra en doute que Moïse
connaissait les opérations abstruses et les principes de la nature, ni que le
Sanhédrin possédait la même instruction et la même connaissance que
lui. L’Ecriture dit « Dieu reprit de l Esprit qui était sur Moïse et en mit
sur les septante hommes, les Anciens » (Nombres XI, 25).

Dans la crainte de n’avoir été suffisamment convaincant, nous nous
attacherons à prouver au travers des Ecritures que Moïse était un vrai
Mage.

Ecrire sur la nature et sa création sans en avoir la connaissance paraît
absurde et impossible. Cependant, Moïse a écrit. Examinons si ce qu’il a
écrit est vérité ou mensonge. Si c’est vérité, comment oserions-nous nier
sa connaissance ? Si c’est mensonge, Dieu ne le veuille, pourquoi le
croire ? Certains diront qu’il n’a écrit qu’en termes généraux. Aristote n’a
pas fait autrement. Mais peut-on penser que sa connaissance se limite à
ses écrits ? Nous nous attacherons à prouver le contraire. Au
commencement, il découvrit de nombreux mystères et plus
particulièrement les secrets liés à cet Art. Il découvrit le minéral de
l’homme, c’est-à-dire cette substance à partir de laquelle l’homme et
toutes les créatures ont été faits. C’est la première matière des
philosophes. Moïse l’appelait parfois Eau et parfois Terre. L’Ecriture dit :
« Et Dieu dit : Que les eaux foisonnent d’une foison d’animaux vivants
et [189] que les volatiles volent au-dessus de la terre, à la surface du
firmament des cieux » (Genèse I, 20). Plus loin nous lisons « Alors le
Seigneur Dieu forma du sol tout animal des champs et tout oiseau de
l’air » (Genèse II, 19).

Dans ce dernier passage, il est dit que Dieu créa tous les oiseaux de l’air à
partir de la Terre, mais dans le passage précédent, il est écrit qu’il les créa
de l’eau.

Aristote et son Organon seraient certainement incapables de concilier ces
deux passages, mais avec un peu d’habileté en Magie, nous les
réconcilierons sans besoin d’aucun philtre.

Cette substance est donc Terre et Eau, mais ni l’une ni l’autre dans leurs
aspects vulgaires; c’est une Eau épaisse et une Terre subtile. En termes
clairs, c’est une masse visqueuse, spermatique, et limoneuse, imprégnée
de tous les pouvoirs célestes et terrestres. Les Philosophes l’appellent
une Eau qui n’est pas une Eau, une Terre qui n’est pas une Terre.

Pourquoi donc Moïse ne pourrait en parler comme eux, et eux comme
Moïse ? Ceci est la vraie Terre de Damas, Aphar min Adamah (Genèse II,
7), à partir de laquelle Dieu a créé l’homme. Et vous qui voulez être
chimistes, ne soyez pas plus savants que Dieu; et employez dans votre
Art cette matière que Dieu utilisa dans la nature. Car Dieu est le meilleur
artisan et connaît la matière la plus adéquate pour son oeuvre, et celui
qui voudra imiter ses effets, devra d’abord connaître cette matière. Ne
parlez pas de pierre de silex ni d’antimoine, comme les mauvais poètes.
Recherchez plutôt cette Terre, cette Eau.

Moïse en dit plus à ce propos, mais citer ici d’autres passages magiques
serait bien trop révélateur, et donc nous nous en abstiendrons. Parlons à
présent de la pratique, qui est la seule chose qui ne peut être ébranlée par
aucun argument ni par aucune sophistication logique. Rien ne peut
contredire [190] l’expérience. « Puis Moïse prit le veau qu’ils avaient
fait et le brûla au feu, il le pila jusqu’à ce qu’il devînt de la poudre qu’il
répandit à la surface de l’eau, et il en fit boire aux fils d’Israël » (Exode
XXXII, 20).

Voici une épice bien étrange, et un Art tout aussi curieux. Ce veau était
en or pur et les Israélites avaient contribué à sa confection avec leurs
bijoux. Mais comment put-il réduire un corps si solide et si lourd en
poudre, et le répandre à la surface des eaux pour en donner à boire aux
Israélites ? Il s’agit en réalité de l’or potable, et Moïse n’aurait jamais pu
y parvenir s’il n’avait oeuvré avec notre bélier. Mais restons-en là. Si
certains veulent penser qu’il utilisa le feu vulgaire, qu’ils fassent de
même, et lorsqu’ils auront réussi, qu’ils vendent leur poudre aux
apothicaires.

Expliquer davantage la loi cérémonielle mosaïque, ses vénérables images
et ses significations, serait se perdre dans un dédale de mystères tant
divins que naturels. En réalité toutes ces images ne sont qu’un vaste
écran ou une espèce d’ombre majestueux tendu entre deux mondes, le
visible et l’invisible. Ceci dépasse le cadre de notre étude.

Nous souhaitons informer le lecteur que la Loi contient une écorce et un
noyau : c’est-à-dire que la lettre parle, mais c’est l’esprit qui interprète (II
Corinthiens III, 6). Grégoire de Nazianze (De Statu Episcopi) dit que la
Loi est double : l’une est littérale, l’autre est spirituelle. Il affirme aussi
qu’elle a une partie cachée et une partie manifestée. La partie manifestée
est celle qui a été donnée à tous ceux dont l’esprit est fixé ici-bas, mais la
partie cachée est réservée à quelques-uns, dont les esprits aspirent aux
choses divines d’en haut. Lorsque la Loi est donnée, le peuple bénéficie
de ses deux parties, la spirituelle et la littérale. Le dispensateur de la Loi
a institué le Sanhédrin, [191] cette assemblée de septante sages sur
lesquels Il a répandu son Esprit afin de leur permettre de discerner,
comme Esdras, les profonds mystères de la nuit, les parties cachées de sa
Loi.

La Cabale trouve son origine auprès de ces Anciens qui se transmettaient
la connaissance de bouche à oreille, et c’est la raison pour laquelle cette
Science fut nommée cabale, c’est-à-dire réception. Cette transmission se
poursuivit tant qu’Israël était uni. Mais lorsque son unité commença à se
décomposer et que la dégradation de cette Maison devint irréversible,
apparut l’incomparable prophète Esdras, bien qu’il s’agisse d’un auteur
apocryphe. Celui-ci entreprit d’écrire sur des tables de bois la Loi que
Dieu jadis avait écrite sur les tables de pierre. Mais en même temps, ce
qu’il y a de plus secret et de plus mystérieux dans la Loi, fut inscrit dans
septante livres secrets, d’après le nombre d’Anciens sages. C’est dans
leurs cœurs qu’auparavant elle avait été écrite.

Ce fut la première fois que l’Esprit épousa la Lettre, car auparavant les
sacrements n’avaient jamais été confiés à des volumes corruptibles, mais
seulement aux tables éternelles de l’âme. Mais il se pourrait qu’une
génération aveugle, ne croyant qu’en ce qu’elle voit, nie qu’Esdras ait
écrit de tels livres. On répondra à ces hiboux, et en honneur à Pic de la
Mirandole, que celui-ci affirme avoir trouvé par hasard les Livres secrets
d’Esdras et les avoir acquis à grand prix. Et cela n’était pas tout, car
l’évêque de Rome en commanda la traduction; malheureusement, après
sa mort, les traducteurs s’endormirent.

On pourrait certainement nous faire des remontrances ici quant à la
Cabale. C’est un Art qu’on ne peut ni approuver ni condamner sans
l’avoir expérimenté, à l’instar de nos adversaires qui condamnent la
Magie. Ayant consacré de [192] nombreuses années à sa recherche et à sa
contemplation, comment proposer aux autres une vérité que nous
considérons fausse pour nous-même ? Ce n’est pas la vraie Cabale que
nous condamnons, mais les inventions de ces rabbins errants aux esprits
dispersés. Nous comprenons l’écrivain satyrique de la treizième tribu,
lorsqu’il fait de si larges promesses : « Tout ce que tu désires, les Juifs te
le vendront en songes ».

Certainement, ces Juifs ont produit un certain renouveau, une fausse
cabale basée sur un ensemble illimité de permutations alphabétiques
terminant toujours par la lettre avec laquelle ils avaient commencé.

Quant à nous, c’est aux plus anciennes traditions physiques de la Cabale
que nous adhérons, et nous les considérons comme autant de vérités
sacrées. Celles-ci étaient inconnues de la plupart des rabbins que nous
connaissons, même de Ramban, Rabbi Moïse l’Egyptien, que les Juifs ont
tant magnifié par leur célèbre hyperbole : « De Moïse à Moïse, il n’y a
eu personne comme Moïse ».

La Cabale que nous reconnaissons se compose de deux parties, le nom et
la chose. La première partie est purement symbolique par rapport à la
seconde, et est ce que l’ombre est à la substance. Voici quelques
exemples. La Cabale littérale, qui n’est rien d’autre qu’un voile jeté sur
les secrets de la Physique, possède trois principes, appelés vulgairement
les Trois Mères. Les Juifs appellent son aspect masculin Emes, son aspect
féminin Asam, composés des lettres aleph, mem, shin. Voyons comment
la cabale physique explique la cabale littérale (6ref06). Le grand
Abraham, ou d’après d’autres, Rabbi Akiba, a dit : « Les Trois Mères
Emes, aleph, mem, shin, sont l’Air, l’Eau et le Feu; une Eau stagnante,
un Feu sifflant et l’Air, l’Esprit moyen ». [193]

Le même Rabbi ajoute que « dans ce monde, les Trois Mères Emes, sont
l’Air, l’Eau et le Feu. Les cieux ont été créés à partir du Feu la Terre à
partir de l Eau et l Air est sorti d’un Esprit moyen ».

Quand les cabalistes parlent de la génération des Trois Mères, ils
présentent dix principes secrets, et depuis le Sanhédrin, il n’y a pas dix
hommes qui les aient compris. On trouve des contresens chez de
nombreux auteurs qui essayent de traiter ces principes. Le premier
principe est un Esprit qui se trouve dans sa retraite primitive, comme
l’eau dans ses canaux souterrains avant de jaillir. Le deuxième principe
est la Voix de ce premier Esprit qui comme une source, sort de la terre, et
apparaît à la vue. Ils l’appellent Esprit de l’Esprit. Le troisième principe
est un Esprit provenant tant du premier esprit que de sa Voix. Le
quatrième principe est une certaine eau provenant du troisième Esprit, et
de cette Eau sortirent l’Air et le Feu. Mais Dieu a interdit de parler
davantage publiquement, il suffit que nous connaissions l’origine de la
création et que nous sachions à qui l’attribuer.

Quand les cabalistes ont voulu nous signifier ce que Dieu avait fait avec
les Trois Mères, il utilisa cette phrase : « Il pesa le aleph avec le Tout, et
le Tout avec le aleph, et il fit de même avec les autres Mères ». Ceci est
très simple, si l’on considère les différentes combinaisons des éléments et
leur proportion secrète. Mais nous ne nous étendrons pas davantage sur
l’aspect physique de la Cabale; attachons-nous à son aspect
métaphysique.

Il est surprenant d’observer l’unité d’esprit et de doctrine existant entre
tous les fils de la sagesse. Cela prouve infailliblement qu’il y a un maître
d’école universel présent en toute chair et dont les principes sont
toujours constants, à [194] savoir l’Esprit de Dieu. Les cabalistes sont
d’accord avec les mages pour affirmer que l’homme, dans les mystères
spirituels, est agent et patient. Voilà qui est clair : l’échelle de Jacob
(Genèse XXVIII, 12 et sv.) est le plus grand mystère de la Cabale (7).

Nous trouvons ici deux extrêmes, Jacob étant l’un au pied de l’échelle,
Dieu étant l’autre à son sommet, répandant un certain influx secret de
l’esprit sur Jacob qui symbolise ici l’homme en général. Les échelons de
l’échelle représentent les natures moyennes, par lesquels Jacob s’est uni à
Dieu, la nature inférieure unie à la nature supérieure. Quant aux anges
dont il est dit qu’ils montent et descendent l’échelle, leur mouvement
indique qu’ils n’étaient pas d’une hiérarchie supérieure, mais bien d’une
certaine autre essence secrète, puisque d’abord ils montaient et ensuite
ils descendaient. S’ils avaient été d’en haut, ils seraient d’abord
descendu, ce qui est le contraire du texte. C’est à ceci, lecteur, que tu dois
attacher ton étude.

Pour en revenir à Jacob, il est écrit qu’il s’était endormi. Il s’agit en fait
d’un discours mystique, qui signifie la mort, cette mort que les cabalistes
appellent mors osculi, ou mort du baiser (8), dont nous ne prononcerons
pas une syllabe.

En résumé, l’Arcano Theologiae est d’accord avec nous pour dire qu’il
n’y a aucune parole efficace en Magie, à moins qu’elle ne soit d’abord
vivifiée par la Parole de Dieu. C’est ce qui est indiqué dans le
Shemhamephorash des Hébreux, car ceux-ci ne croient pas que le nom
des anges soit effectif s’il n’est pas uni à l’un des noms de Dieu, Iah ou
El. Ils disent alors qu’en vertu et pouvoir de ces noms réunis, les anges
peuvent agir. Nous en avons un exemple dans tous les noms composés,
comme Vehu-Iah, Elem-Iah, Jeli-El, Sita-El. [195]

Or, cette pratique dans la lettre n’est qu’une subtile ébauche de la
conjonction de la Parole substantielle ou Esprit, avec l’Eau. Que le lecteur
s’efforce de comprendre ce que nous disons des Eléments et sur la vérité.
Pour conclure, nous souhaitons préciser que la fausse cabale
grammaticale n’est faite que de rotations de l’alphabet et de métathèses
des lettres du texte, en raison de quoi l’Ecriture a enduré de nombreux
tourments et écorchures. Quant à la vraie Cabale, elle fait usage de la
lettre uniquement comme artifice, comme moyen d’obscurcir et de
cacher ses secrets physiques, à l’instar des Egyptiens par leurs
hiéroglyphes. Dans ce sens, les premiers docteurs qui ont professé cet
Art, possédaient une cabale littérale, comme en témoigne cette
merveilleuse et très ancienne inscription du rocher du mont Horeb. Cet
écrit contient une prophétie de la Vierge Mère, et de son fils Jésus-Christ,
gravée en hiéroglyphes, formée par une combinaison de lettres
hébraïques, mais ce n’est que par Moïse ou Elie que Dieu la connaît. Ceci
est encore visible aujourd’hui. Nous le savons par Thomas Obecinus,
franciscain très érudit, et Pierre de Valle (9), un gentilhomme, qui
voyagèrent tous deux en ces lieux.



Magie Adamique, THOMAS VAUGHAM dit EUGENE PHILALETHE

à suivre....

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