Seul Dieu a le pouvoir d’ôter les voiles de vos yeux, et vous ne trouverez pas de réponses ici, à moins qu'Il ne le veuille.

11 septembre 2020

La Magie Adamique-2



Il faudra considérer cet art ou plutôt ce mystère de plusieurs façons en
raison de ses différents sujets. D’abord, son existence originelle se trouve
en Dieu même, car il ne s’agit que de la pratique ou de l’opération de
l’Esprit divin travaillant dans la matière, unissant les principes en
composés et résolvant ces composés en leurs principes.
En ce sens, nous
ne recherchons pas son antiquité, car il est éternel, étant la sagesse divine
qui existe depuis avant la création des temps. Ensuite, cet art doit être
considéré dans son sens dérivé, puisqu’il a été transmis et communiqué à
l’homme. Ceci ne fut pas proprement une naissance ou un
commencement, mais une découverte ou une révélation de l’Art. C’est
depuis le temps de sa révélation que nous devons mesurer son antiquité
et démontrer pourquoi Dieu l’a révélé, à qui, et quand.

L’œil ne peut voir au-delà de la scène qui lui fait face, tandis que l’oreille
perçoit les sons beaucoup plus loin. Donner un témoignage d’actes plus
anciens que nous, n’est possible qu’en regardant dans ce miroir où l’on
peut voir toutes choses passées, présentes et futures. C’est pourquoi
nous appuierons notre traité sur les traditions de ces hommes auxquels
fut confiée la parole, tant écrite que secrète. Ce sont les juifs en général, et
plus particulièrement leurs cabalistes. Notre intention n’est pas de nous
baser uniquement sur ces rabbins, mais de justifier leurs affirmations par
les Ecritures et de proposer au lecteur, des preuves tant divines
qu’humaines. Ensuite, nous passerons de Judée en Egypte et en Grèce où
[166] nous retrouverons ces mystères, et nous démontrerons que cette
science a pris naissance, comme la source de sel des chimistes, dans le
monde juif, abreuvant toute la terre.

Les Hébreux ont toujours affirmé qu’avant la chute d’Adam, il y avait
une meilleure et plus abondante communion entre le ciel et la terre, entre
Dieu et les éléments, qu’il n’y a aujourd’hui. Mais en raison de la
transgression du premier homme, « Malkout, disent les cabalistes, fut
séparé d’Ilan (3), de sorte qu’une brèche se forma entre les deux mondes,
et leur canal d’influences fut interrompu ». Malkout est la lune invisible
et archétype, qui gouverne et féconde notre lune visible et céleste. En
réalité, il se pourrait qu’en raison du retrait de la lumière divine du
monde inférieur, se formèrent les taches et l’obscurité que nous
observons dans le corps de cette planète, et non seulement dans celle-ci,
mais également dans le soleil, comme on l’à découvert grâce au
télescope. Ainsi, disent-ils, Dieu, pour punir le péché d’Adam, se retira
des créatures, afin qu’elles ne jouissent plus des influences dans la même
mesure qu’auparavant. La lune archétype qui se trouve dans les cieux,
hashamaïm, ne pouvait plus recevoir et réfléchir l’influx des six planètes
invisibles supérieures, étant - selon les Hébreux - séparée d’Ilan, c’est-àdire que sa poitrine fut scellée et incapable de dispenser son lait
d’abondance première au monde inférieur. Comme nous ne nous
étendrons pas davantage sur ce point, examinons une phrase claire et
concise du cabaliste Gikatila dans La Porte de la Lumière : « Au
commencement de la création du monde, Dieu descendit et cohabita
avec les choses d’ici-bas. La demeure divine était ici-bas, et les cieux et
la terre étaient unis. Les sources et les canaux vitaux étaient dans leur
perfection, et coulaient du monde supérieur au monde inférieur, et Dieu
remplissait toute chose tant en haut qu’en bas. Adam, le premier
homme, arriva [167] et pécha. En conséquence, ce qui descendait d’en
haut fut retenu, et les canaux furent interrompus. Le cours des eaux
disparut, la divine cohabitation cessa, et la société fut divisée. »

Ainsi dit le rabbin. Ayant promis une correspondance entre les Ecritures
et les cabalistes, nous soumettrons la tradition à Moïse, et ce rabbin est
sûrement d’accord avec nous quant à ce que nous lisons dans la Genèse
(III, 17) : « Et il dit à Adam : Parce que tu as mangé de l’arbre au sujet
duquel je t’avais ordonné que tu n’en manges pas, la terre a été maudite
à cause de toi. C’est dans la souffrance que tu te nourriras d’elle tous les
jours de ta vie. Elle fera germer pour toi épine et ronce, et tu mangeras
l’herbe des champs. A la sueur de ton visage, tu mangeras du pain
jusqu’à ton retour à la terre, puisque c’est d’elle que tu as été pris, car tu
es poussière, et tu retourneras en poussière. »

Voilà la malédiction, et Adam en a été tellement conscient, qu’il la fit
connaître à sa postérité. Ainsi Lamech, quand il parla à son fils Noé, dit
ceci : « Celui-ci nous consolera de notre tache et de la souffrance de nos
mains provoquées par le sol qu’a maudit le Seigneur » (Genèse V, 29).
Et ceci s’est réalisé d’une certaine façon après le Déluge, selon l’Ecriture
(Genèse VIII, 21) : « Et le Seigneur dit en son cœur : Je ne recommencerai
plus à maudire le sol à cause de l’homme. »

Considérons ici deux aspects : d’abord la malédiction, et ensuite, ses
conséquences.
Pour manifester la nature de la malédiction et ce qu’elle fut, sache que
Dieu est essentiellement lumière, et que le Mal [168] est obscurité. Le Mal
est une corruption qui paraît immédiatement en l’absence du bien.
Lorsque Dieu retira sa lumière des éléments, les ténèbres et le froid de la
matière prédominèrent de telle sorte que la terre fut proche de sa
première difformité et par conséquent moins fructueuse et moins vitale.
Le ciel et l’enfer, c’est-à-dire la lumière et les ténèbres, sont les deux
extrêmes qu’utilisent le bien et le mal. Les bénédictions intermédiaires,
successives - in ordine - ou disposées vers le ciel, qui est leur perfection
ultime, furent également retirées par Dieu après la transgression du
premier homme. Ainsi, il existe différents degrés de maux conduisant
jusqu’à l’enfer, qui en est l’extrémité, et c’est cela la malédiction ou le mal
qui survint après la transgression. Par ces notions de bénédiction et de
malédiction, notre Sauveur considère les habitants de la lumière et les
habitants des ténèbres : « Venez à moi, vous les bénis, et éloignez-vous
de moi, vous les maudits » (Matthieu XXV, 34 et 41).

En somme, la malédiction ne fut qu’un acte révoqué ou une restriction
de ces bénédictions que Dieu, par sa pure bonté, avait communiquées
préalablement à ses créatures. C’est ainsi que nous croyons qu’il existe
une harmonie totale et parfaite entre Moïse et les cabalistes. Mais nous
omettrons leurs déclarations malgré leur importance, car nous ne
chercherons pas ici le témoignage d’un ange.

Le maître d’Esdras, parmi d’autres mystérieuses instructions, professait
également cette doctrine (IV Esdras VII, 11 et sv.) : « Quand Adam
transgressa mes préceptes, alors, le jugement se fit sur ce qui avait été
fait. Les voies de ce monde devinrent étroites, remplies de tristesse et de
difficulté, en petit nombre et mauvaises, pleines de danger et très
douloureuses. Mais les voies du monde à venir sont larges et sûres, et
apportent un fruit immortel. » [169]

Voilà pour la malédiction.

En ce qui concerne ses conséquences, il est sûr qu’elle s’appliquait
principalement à l’homme pour en avoir été la cause, mais néanmoins,
par sa faute, elle s’étendit aussi à tous les éléments. Car si Dieu avait
exclu l’homme de l’Eden et avait maintenu la terre dans ses gloires
primitives, il n’aurait fait que changer l’homme de paradis. Mais en
réalité, il a adapté le cachot à l’esclave, et a envoyé un homme
corruptible dans un monde corruptible. Ce fut non seulement l’homme
et la terre qui subirent cette malédiction, mais également toutes les autres
créatures. Par conséquent, Dieu dit au serpent « Maudit sois-tu entre
tous les bestiaux et entre tous les animaux des champs » (Genèse III, 14),
de sorte que les bestiaux et les animaux furent aussi maudits dans une
certaine mesure, et le serpent le plus de tous. L’apôtre Paul nous le
confirme dans son Epître aux Romains (VIII, 20) : « Car la créature a été
soumise à la vanité, non par sa propre volonté, mais à cause de celui qui
l’a soumise malgré elle, avec l’espérance qu’elle aussi sera libérée de
l’esclavage de la corruption pour accéder à la liberté de la gloire des
enfants de Dieu. » Ici, par créature, il ne faut pas comprendre l’homme,
mais les espèces inférieures, qu’Il distingue des enfants de Dieu, bien
qu’Il confère à ces deux genres la même liberté. Mais ceci apparaît plus
clairement dans les textes suivants, où une différence claire est faite entre
l’homme et la création (Romains VIII, 22) : « Nous savons en effet que
jusqu’à présent, toute la création gémit dans les douleurs. Et non
seulement elle, mais nous aussi, qui avons les prémices de l’Esprit, nous
gémissons en nous-mêmes, en attente de l’adoption et du rachat de notre
corps. » Voici les premiers fruits de l’Esprit, qui concernent l’homme;
pourquoi n’y aurait-il pas quelques autres fruits pour les créatures en
général ? Tout comme elles [170] furent maudites par la chute de
l’homme, il semble que par sa rédemption, elles seront également bénies.
Mais restons-en là.

Résumons et considérons les différents inconvénients auxquels a été
soumis Adam, car ils pourront nous être utiles. En premier lieu, il fut
expulsé de la présence divine et exposé à la malice et aux tentations du
malin. Il est passé du bien au mal, de l’incorruptible au corruptible, « car
du jour où tu en mangeras, tu mourras » (Genèse II, 17). Il fut exclu d’un
paradis glorieux et confiné dans un monde bas, dont les éléments,
infectés par la maladie, conspirèrent avec sa propre nature, aidèrent et
hâtèrent cette mort qui avait déjà commencé à régner dans son corps. Le
ciel s’affligea pour lui, la terre et toutes ses générations pleurèrent sa
mort. Il se considéra lui-même comme un criminel et un assassin,
coupable de cette malédiction, et de cette corruption, qui survint dans le
monde à cause de sa chute, comme nous l’avons déjà suffisamment
prouvé par la tradition mosaïque et cabalistique. Il était ignorant et donc
sans espoir de vie éternelle, et il ne connaissait même pas les dispositions
à prendre pour assurer cette vie présente et temporelle. Les rudiments de
l’agriculture n’étaient pas encore connus, les maisons, les charrues et
tous ces arts manuels qui constituent la providence de ce monde,
n’existaient pas. Il était exposé à la violence de la pluie et du vent, de la
gelée et de la neige, et se trouvait dépourvu de toute consolation
spirituelle et naturelle. Que pourrait-on dire de plus ? Il n’était qu’un
simple étranger dans ce monde, incapable de différencier le remède du
poison, et peu habile pour les préparations ordinaires de la nourriture et
de la boisson. A sa portée, il ne disposait d’aucun vivre préparé, si ce
n’est l’herbe crue. Cette situation ne lui laissait d’autre choix que de
mourir de faim, ou de s’alimenter des animaux des champs, comme le fit
Nabuchodonosor. [171]

Il dut certainement entendre parler de l’arbre de vie de l’Eden, mais les
plantes de ce monde-ci ressemblaient plus à des arbres de mort. Nous en
concluons qu’il dut avoir quelque instructeur pour l’initier aux façons de
vivre, et pour lui enseigner les chemins tortueux et étroits de ce désert.
Sans aucun doute, ses afflictions extérieures et son désespoir intérieur
furent les motifs pour lesquels Dieu lui révéla un certain Art, par lequel
il pourrait alléger ses nécessités présentes, et étreindre la ferme
espérance d’une restitution future et glorieuse.

Dieu avait décrété un deuxième Adam éternel et offrit la possibilité que,
par une mystérieuse expérience, celui-ci remplace le premier. Ce dernier,
tellement désespéré et écrasé par la culpabilité de son péché, devint un
patient tout à fait adéquat pour un médecin si divin et si miséricordieux.

Recherchons une confirmation de ce sujet auprès des très doctes
cabalistes. Dieu, disent-ils, ayant fermé les portes de son paradis, et
ayant chassé Adam, la plus chérie de ses créatures, ne supporta pas ce
châtiment, conservant l’élan premier qu’il ressentait pour lui. Dieu, diton, aime ses créatures, mais non dans le sens qu’il y aurait en elles
quelque chose à aimer quand elles sont privées de leur créateur, mais
bien dans le désir qu’Il a de leur perfection. C’est-à-dire qu’il les désire
conformes à lui, et capables de recevoir son image ou sa ressemblance,
qui est une trace spirituelle de sa beauté. Mais restituer cette
ressemblance à Adam n’était possible que si Dieu reconnaissait ce qui
était désormais tombé de lui. Dieu avait gardé dans sa volonté secrète,
une miséricorde transcendante et presque incroyable, de sorte qu’il était
résolu à unir la nature de l’homme à la sienne, l’affranchissant de la mort
et l’incorporant à la divinité qui est la vraie source et centre de la vie.
[172]

Cette volonté, disent les cabalistes, fut révélée par Dieu, d’abord aux
anges, selon les paroles de Genèse III, 22 : « Voici que l’homme est
devenu comme l’un de nous, grâce à la connaissance du bien et du mal ».

Ils disent qu’il s’agit d’un entretien très secret que Dieu eut avec les
anges bénis dans l’antichambre du ciel. Que la même Ecriture dise une
certaine chose dans la lettre et une autre dans le mystère, ne m’étonne
pas. Ce texte pourrait ne pas se référer au premier Adam, qui ne pouvait
être comme Dieu, en raison de la connaissance qu’il avait du mal pour
l’avoir commis, et qui le fit pêcheur et entièrement différent de Dieu.

Mais Dieu, si on peut s’exprimer ainsi, ne connaît le mal que d’une façon
spéculative; en effet, rien ne peut échapper à sa connaissance.

Cependant, il n’est pas coupable du mal. Ainsi, comme l’observa
correctement Trithème, « ce n’est pas la connaissance du mal qui est
mauvaise, mais bien sa pratique ». Il en ressort que ces paroles se
réfèrent au second Adam, Jésus-Christ, qui connut le mal sans le
commettre; « il était comme l’un de nous », c’est-à-dire, comme un de la
Trinité, connaissant le bien et le mal, mais sans être coupable du mal. Ce
primitif et succinct Evangile était à peine communiqué aux anges qu’ils
en devinrent les ministres, et comme dit saint Paul (Galates III, 19), « la
loi fut ordonnée dans leurs mains jusqu’à ce que le Christ la prenne dans
les siennes », et son administration à l’homme commença par cet oracle.
Ainsi, selon les cabalistes, l’ange Raziel fut envoyé pour communiquer
l’intelligence à Adam, et pour lui faire connaître les mystères des deux
mondes, l’éternel et le temporel. Mais Adam ne pouvait obtenir les
bénédictions du monde éternel, qu’à condition d’appréhender ses trois
principes au moyen d’une véritable foi. Il ne pouvait pas non plus jouir
pleinement des bienfaits du monde temporel, sans comprendre [173]
véritablement les trois substances visibles dont celui-ci a été fait. Car il y
en a trois en haut et trois en bas; selon saint Jean, trois au ciel et trois sur
la terre. L’inférieur témoigne du supérieur et en est le seul réceptacle
adéquat. Nous pouvons lire les mystères de la trinité surnaturelle dans
les livres créés.

Poursuivons notre idée : les cabalistes attribuent à Adam et à tous les
patriarches un gardien qui, comme un précepteur et un maître, puisse les
assister et les instruire dans leurs périples épuisants à travers le monde.
Selon nous, cette doctrine est religieuse et nécessaire, même si certains
théologiens fanatiques et insipides la jugent prodigieuse. Ce qui est
certain, c’est qu’il nous est impossible de trouver les mystères par nous-mêmes; 
nous avons besoin de l’Esprit de Dieu ou de l’instruction de ses
ministres, qu’ils soient des hommes ou des anges. Ainsi, nous voyons
dans les traditions et les doctrines juives comment leur Cabale et notre
Magie arrivèrent les premières dans le monde.

Interrogeons les Ecritures où l’on trouve, si nous ne nous trompons pas,
quelques conséquences de ces principes.

La première moisson dont on parle est celle de Caïn, et le premier
troupeau, celui d’Abel. La vie de berger, en ces temps-là, n’était pas
difficile, demandant plus de soin que d’art. Mais comment labourait-on
la terre avant l’invention des marteaux de Tubal ? Quoiqu’il en soit, ils
travaillaient, et non sans rétribution. Caïn obtenait ses gerbes de blé et
Abel ses brebis. L’un et l’autre en recevaient et en reconnaissaient les
bienfaits. Chacun d’eux était investi d’une certaine prêtrise, ils
s’occupaient tous les deux de l’autel, mais le premier sang était répandu
par sacrifice et le deuxième par meurtre.

Nous voilà fatigués de ces syllogismes et de ces méthodes étranges qui
pompent l’eau, qui lavent la vérité de sa [174] pourriture comme l’eau !
Nous ne pouvons croire que ces hommes soient lévites, sans avoir reçu
une révélation. Pour cela, nous désirons savoir comment ils arrivèrent à
faire des sacrifices pour la première fois et par qui ils furent initiés. Si tu
nous disais par Adam, la question ne serait que différée, et la réponse ne
serait pas satisfaisante, car nous voudrions savoir alors en quelle école
fut instruit Adam. En effet, il est impossible qu’il inventât lui-même ces
images et ces sacrements; nous allons donc nous employer à le
démontrer, et ceci par un moyen invincible qu’aucun adversaire n’osera
contredire.

Il est bien certain que l’espoir et l’attente de l’homme en matière de
sacrifice réside dans son sens ultime et non dans le rituel. Ce n’est pas
l’image matérielle corruptible qui est l’objet de la foi, mais bien le
prototype éternel et spirituel qui correspond à cette image, et qui rend
vivante la figure morte. Les sacrifices de l’Ancien Testament et les
éléments du Nouveau ne sont agréés par Dieu, que dans la mesure où ils
ont une relation avec Jésus-Christ, le grand sacrifice par excellence, offert
une fois pour toutes. Ainsi, il semble clair que les sacrifices furent
instaurés pour des raisons surnaturelles, car dans la nature, on ne trouve
aucune raison pour laquelle Dieu se satisfasse de la mort de ses
créatures. Or, dans ce livre, on dit exactement le contraire, car la mort,
tant naturelle que violente, ne provient pas du plaisir, mais du déplaisir
du créateur. Le docte Alkind affirme que l’efficacité des sacrifices repose
sur la sympathie qu’il y a entre les éléments et le grand monde, car
chaque animal contient une partie de l’astre de feu. Dans la dissolution
du composé, ce feu s’unit au feu général d’où en effet il provient, et
produit un sens ou un mouvement dans le membre auquel il s’est uni.
Ceci est certain, mais ce mouvement ne provoque aucune joie [175] et par
conséquent aucune récompense pour le sacrifice. Nous démontrerons
plus loin que la mère astrale s’afflige réellement de la mort de ses
enfants. Revenant aux sacrifices d’Abel et de Caïn, nous observons que si
le sacrifice d’Abel fut agréé, ce fut parce qu’il l’avait offert en tant que
symbole et figure de son Sauveur. Voilà qui confirme mon argument :
cette connaissance du symbole, grâce à laquelle toutes les offrandes sont
agréées, ne s’obtient par aucune industrie humaine, mais uniquement
par révélation.

La passion de Jésus-Christ est un rite voilé par la volonté secrète de Dieu,
et celui qui la connaît fait nécessairement partie de son assemblée. C’est
pour cela que dans les Ecritures on parle du Mystère Caché, sa vérité ne
pouvant être transmise par n’importe qui, mais seulement par celui qui
possède la volonté et le pouvoir de l’ordonner. Mais prétendre, comme
l’auteur des Praedicabiles (4) que les hommes faisaient au
commencement des sacrifices par instinct naturel, et sans aucun respect
du symbolisme, nous offre une bonne occasion de rire. Il est évident
qu’Adam fut instruit sur la passion, et dans ce but, il lui fut enseigné à
propos du sacrifice et de l’offrande de sang de bêtes, comme symboles et
éléments préliminaires au sang du Christ. Les autels de la Loi sont des
étapes vers la croix de l’Evangile.

On pourra objecter que de nombreuses nations firent des sacrifices sans
connaître Dieu, ni le Fils de Dieu, prototype et perfection de toute
offrande. A cette objection nous répondrons que la coutume du sacrifice
fut communiquée aux païens par tradition depuis le premier homme.
Celui-ci instruit ses propres enfants, ceux-ci aussi leur postérité, de sorte
que ce masque de la religion subsista, tandis que sa substance et sa vraie
doctrine se perdirent. Et donc selon nous, il paraît évident que le premier
homme fit des sacrifices, non par nature, comme [176] l’affirme
Porphyre, ennemi de notre religion, mais que certains en firent par
révélation, et d’autres par coutume et tradition. Les Ecritures confirment
mon opinion en ce qui concerne cette révélation primitive, quand
Salomon, après avoir énuméré les bénédictions que la sagesse divine
avait transmises aux anciens pères, précise l’indulgence de celle-ci envers
Adam : « C’est elle qui protégea le père du monde, premier formé, après
qu’il eût été créé seul; elle le libéra de sa chute » (Sagesse X, 1).

Voici Adam en quelque sorte restitué, et comment pourrait-il l’être sans
avoir découvert le grand rédempteur Jésus-Christ, le second Adam dans
lequel il devait croire ? Car sans la foi, il n’aurait pu être libéré de sa
chute, et sans le Christ révélé qui lui était prêché, il n’aurait eu la foi, car
il n’aurait su ce qu’il devait croire. L’Homme avait donc reçu
l’instruction; car de même qu’à notre époque nous sommes instruits par
le Fils de Dieu et ses Apôtres, de même en ce temps-là, c’étaient l’Esprit
de Dieu et les anges de son ministère qui instruisaient l’homme. Ils
étaient son instructeur, car c’est d’eux qu’il entendit la Parole, et en
réalité, c’est en entendant que vient la foi.

Nous croyons maintenant qu’il est suffisamment clair qu’Adam reçut
d’en haut sa métaphysique. Notre prochaine tâche, peut-être difficile,
consistera à fournir quelques arguments vraisemblables, s’ils ne sont
démontrables, indiquant que cette métaphysique n’est pas venue seule,
mais accompagnée de la physique. Nous savons que les Ecritures ne sont
pas catégoriques sur ce point, et c’est de cela que les sectes tirèrent leurs
arguments contraires. Cependant nous ne désirons pas susciter leur
murmure, mais plutôt leur patience. Il est vrai que nous avons servi leur
philosophie durant de nombreuses années, malgré ce que nous explique
saint Paul dans Colossiens II, 8 ; s’ils consacrent quelques heures à ma
[177] spermalogie, cela pourrait leur coûter un peu de rigueur, mais rien
de bonté.

3 commentaires:

  1. Ta réflexion est très intéressante et évidemment qu'Adam a été instruit par Dieu en personne.
    31. Et Il apprit à Adam tous les noms (de toutes choses), puis Il les présenta aux Anges et dit: «Informez-Moi des noms de ceux-là, si vous êtes véridiques!» (dans votre prétention que vous êtes plus méritants qu'Adam).
    - Ils dirent: «Gloire à Toi! Nous n'avons de savoir que ce que Tu nous a appris. Certes c'est Toi l'Omniscient, le Sage».
    33. Il dit: «O Adam, informe-les de ces noms ;» Puis quand celui-ci les eut informés de ces noms, Allah dit: «Ne vous ai-Je pas dit que Je connais les mystères des cieux et de la terre, et que Je sais ce que vous divulguez et ce que vous cachez?»
    Tout est écrit, sourate la vache verser 31,32,33.
    Si tu veux " comprendre " la création, ne fait partie d'aucune secte et cherche ton inspiration dans les 3 tomes du monothéisme :
    Thora, Évangile et Coran.

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    1. merci

      juste en passant ce n'est pas ma réflexion mais un texte que j'ai trouvé "parlant" ;)

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  2. Et pour Jesus que tu décris comme un 2 ème Adam , tu est en harmonie parfaite avec un verset de la sourate al imran. Je te laisse le soin de la lire tu trouveras ce verset qui confirme ta vision des choses. C'est exactement cela, un nouveau départ en quelques sorte pour les hommes.

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vous pouvez me contacter directement par mail elfieraleuse@gmail.com