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Seul Dieu a le pouvoir d’ôter les voiles de vos yeux, et vous ne trouverez pas de réponses ici, à moins qu'Il ne le veuille.
09 septembre 2020
La Magie Adamique-1-
Prétendre professer la Magie dans ce traité, et légitimer ceux qui
l’enseignent, est une impiété pour beaucoup, mais pour nous, cela fait
partie de la religion. C’est une connaissance intime que nous avons
apprise d’auteurs plus illustres que nous, ainsi que des Ecritures. La
Magie n’est rien d’autre que la sagesse du Créateur, révélée et semée
dans la créature.
Comme nous le dit Agrippa, c’est un mot que l’Evangile ne dédaigne
pas. Les Mages furent les premiers serviteurs que notre Sauveur ait
rencontrés dans ce monde, et les seuls philosophes qui l’aient connu
dans la chair, avant qu’il ne la découvre lui-même. Dieu conversait avec
eux, comme il le faisait déjà avec les Patriarches. Il les guide dans leurs
voyages au moyen d’une étoile, comme il guidait les Israélites au moyen
d’une colonne de feu. Il les informe, en songes, des périls à venir; et il
leur annonce, qu’ayant vu son Fils, ils verront son salut. Cela nous porte
à croire qu’ils étaient Fils de Prophètes tout comme Fils de l’Art, c’est-àdire,
des Hommes témoins des mêmes mystères que ceux que les prophètes avaient connus.
Vouloir réconcilier cette science et ses maîtres
avec le monde, est une tentative plus plausible que possible, car le
préjugé contre la magie est tellement immense, que ni la raison ni
l’autorité ne peuvent l’équilibrer. [160]
S’il fallait persuader un juif de nos principes, nous le ferions en deux
mots : « Amru hakamim », c’est-à-dire les sages l’ont dit (1). L’autorité de
ses Pères lui suffit. En réalité, les premiers galiléens (nous nous référons
aux chrétiens dont les lampes brûlèrent près de la croix et du tombeau)
étaient très concis dans leurs initiations; un simple mot suffisait à
confirmer un prosélyte : « Croyez ». Plus encore, la solennité de cette
brève induction était telle que Julien l’Apostat en fit le thème de son
apostasie : « Tu n’as que ta foi, disait-il, pour fonder ta religion ». Telle
était la simplicité de ces temps-là, « quand ses blessures étaient toujours
devant leurs yeux, et son sang chaud dans leurs cœurs ».
Mais hélas, ces gouttes saintes sont gelées, notre salut est passé de la
croix au chevalet et a été démembré par la sphère inquisitrice d’Aristote.
Mais ne te courrouce pas, ô péripatéticien. Comment appeler tes écoles,
tes nombreuses sectes et cabales, qui ont massacré les Ecritures de façon
si cruelle ? On vit d’abord apparaître un ressentiment, suivi de querelles
et de divisions détestables, qui désintégrèrent une seule Vérité en mille
extravagances hérétiques. Mais cette rupture ne compte pas : la science
de Dieu n’est que paille, si on ne la passe au tamis, si elle n’est mue par
un désir d’expérimentation (2). C’est ainsi que l’enthousiasme corrompu
par la logique exhale des passions contentieuses, et que la foi,
abandonnant ses ailes et sa perspective, s’appuie sur le roseau du
syllogisme.
De toute évidence, nous ne parvenons toujours pas à concevoir comment
la raison peut juger ces principes, dont la certitude ne dépend que de
Dieu, et par conséquent, n’est pas démontrable sans l’Esprit de Dieu. Et
voici ce que nous affirmons : la vraie foi ne consiste pas en la raison mais
en l’amour. Car nous avons reçu nos principes et nous croyons les [161]
avoir reçus uniquement grâce à notre amour pour Lui. C’est pour cela
qu’Il nous les révèle.
Ainsi, les juifs ont cru en notre Sauveur pour son amour, ou à défaut,
pour ses oeuvres. Hélas, certains théologiens ne croient que grâce à
Aristote, c’est-à-dire grâce à la logique sur laquelle ils s’appuient pour
rendre un dogme probable; c’est alors qu’ils parlent de foi. Dans le cas
contraire, ils disent que c’est le Coran. Néanmoins, Aristote - marchand
ambulant de cette théorie et prenant par sophisme la place d’Ignace dans
son propre conclave - nous a concédé ceci : « Tant la raison que l’opinion
sont sujettes à l’erreur ». Aristote nous dit « Nous comprenons les termes
de la science ainsi que les termes de ses principes », et Philopon d’ajouter
cette excellente et chrétienne observation : « En prenant vraiment l
Esprit comme principe ou cause première de la connaissance, non de la
nôtre, mais de celle de Dieu, qui est au-dessus de nous, et en prenant les
termes comme étant des formes divines et intellectuelles ». Donc, d’après
ce commentaire, l’Esprit divin est la cause première de la connaissance,
et si cet Esprit se révèle et répand sur nous sa lumière, nous capterons les
formes intellectuelles et les signes de toutes les choses qui sont en lui.
Il nomme très justement ces formes horoi, termes, car elles terminent ou
finissent toute chose. C’est donc par elles que la créature est définie et
trouve son individualité ou, pour utiliser le langage de Scott, son
haccéité, par laquelle elle est ceci et non cela. Telle est l’expérience que
nous devons rechercher, c’est-à-dire, le développement et l’ouverture de
l’Esprit divin, et non un syllogisme, même s’il est parfait.
Après avoir été admis dans cette communion de la lumière, nous devons
être capable, comme l’apôtre, de donner raison de notre foi. Désormais, il
faut savoir que Dieu ne se [162] révèle pas lui-même, à moins que le Ciel
de l’homme ne se soit révélé d’abord. Agrippa dit : « Ecartez le voile qui
est devant votre intellect », et vous ne serez plus aveugles. Dieu n’est
pas un dieu éloigné, mais un dieu à portée de main. « Soyez attentifs,
dit-il, je suis à la porte et j’appelle » (Apocalypse III, 20). Ouvrez donc
vous-mêmes, car il est écrit : « Si l’homme ouvre, j’entrerai et je dînerai
avec lui » (ibidem). Il s’agit ici du repas mystique intérieur, et non du
repas symbolique extérieur. C’est le baptême spirituel du feu, et non le
baptême élémentaire de l’eau.
Voici deux constatations qui nous réconfortent. Premièrement, que c’est
la Magie qui a apporté au Christianisme ses premiers docteurs, qui
furent conduits de l’Orient jusqu’à Jérusalem grâce à leur connaissance et
leur dévotion. Ensuite, que cet Art doit souffrir tout autant que la
religion, et exactement pour les mêmes raisons. Les motifs principaux
qui ont provoqué les schismes actuels et les divisions de l’Eglise, sont les
rites et les symboles qui y sont utilisés. Sans aucun doute, les apôtres
instaurèrent et laissèrent derrière eux quelques éléments comme l’Eau,
l’Huile, le Sel et les Lumières, par lesquels ils nous signalèrent quelques
grands et vénérables mystères. Néanmoins, nos réformateurs, prenant
ces choses pour des superstitions, les éliminèrent. En réalité, ce fut une
erreur, car si l’ombre de saint Pierre guérissait, comment l’ombre du
Christ n’aurait-elle fait davantage ? D’autre part, les papistes, ignorant le
sens de ces symboles, leur attribuèrent une certaine sainteté inhérente, et
tombèrent ainsi dans une très dangereuse idolâtrie. Nous omettons
beaucoup de choses qu’ils inventèrent pour leur compte comme des
images, de saints agneaux et autres reliques, ajoutant des ossements
morts au splendide corps de l’Eglise primitive. [163]
Comment ne pas établir un parallèle avec les Mages, qui instituèrent eux
aussi comme clé de leur Art, les mêmes signes, c’est-à-dire, l’Eau, l’Huile,
le Sel et la Lumière par lesquels ils nous ont découvert tacitement leurs
trois principes et la Lumière de la Nature qui remplit et active toutes
choses. Après avoir lu attentivement leurs livres sans en rechercher le
sens, l’homme ignorant prit des bougies, de l’eau, de l’huile et du sel
vulgaires, et se mit à les consacrer et à les exorciser pour faire sa magie
condamnable et démoniaque.
La maxime des Mages était la suivante : « Il n’y a aucune parole efficace
en Magie si premièrement, elle n’a été vivifiée par la parole de Dieu ».
Dans leurs livres, il est souvent fait mention du verbum et du sermo, que
l’homme vulgaire a interprété selon sa propre fantaisie, inventant des
charmes et des vocables par lesquels il promet de faire des merveilles.
Les Mages, dans leurs écrits, parlent de triangles pour faire allusion à
leur plus secrète trinité, et de cercles, pour nous enseigner la rotation de
la nature depuis le commencement de la semaine jusqu’au sabbat. Par ce
cercle ou rotation, ils ont aussi signifié que les esprits peuvent être reliés,
indiquant que l’âme peut s’unir au corps.
L’homme vulgaire a interprété ces triangles et ces caractères par une
multitude de toiles d’araignée ou de figures étranges, et ce cercle comme
moyen de conjurer les esprits. Mais ignorant à quel esprit se relient les
Mages, l’homme vulgaire a travaillé et étudié afin de se relier au démon.
Et si tu veux savoir qui étaient ces Mages, nous te dirons qu’ils étaient
rois, prêtres et prophètes. Ces hommes connaissaient les mystères
spirituels et substantiels de la religion, et en diffusèrent ou en montrèrent
la partie extérieure et symbolique au peuple. Nous pouvons comprendre
ici pourquoi la Magie n’a plus été recherchée : les théologiens vulgaires
et les [164] docteurs de la loi qui ne connaissaient pas ces secrets,
examinèrent la littérature de basse gamme, cérémonielle et superstitieuse
de quelque écrivailleur qui simulait la Magie, allant à l’inverse de l’art
même et la considérant comme impie et antichrétienne. Par conséquent,
la professer devint un péché capital et le châtiment qui s’y appliquait
n’était rien d’autre que la mort.
Entre-temps, les quelques rares maîtres de cette science qui en
observaient les premiers enseignements, l’enterrèrent dans un profond
silence. Néanmoins, Dieu, qui avait supporté que sa vérité restât cachée
pendant très longtemps, réveilla quelques esprits résolus et actifs qui
prirent leur plume pour dissiper ce nuage et qui, dans une certaine
mesure, révélèrent la lumière. Les précurseurs de ce courageux groupe
sont Corneille-Agrippa, Libanius Gallus, le Philosophe Jean Trithème,
Georges de Venise, Jean Reuchlin dit Capnion en grec, ainsi que
quelques autres de leur temps. Et après tous ceux-ci, comme un nouveau
précurseur, né hors de leur temps, Eugène Philalèthe.
Ayant entrepris de commenter publiquement ce sujet, ce que nous
aurions pu faire en privé avec plus de satisfaction et d’avantage, nous
pensons qu’il n’est pas suffisant de révéler les malheurs et abus que cette
science a subis; c’est la raison pour laquelle nous tenterons de démontrer
son origine. A coup sûr, il en va des arts comme il en va des hommes :
leur âge et leur continuité sont de bons arguments de leur force et de leur
intégrité. C’est très à propos que les Egyptiens dirent à Solon « Ô Solon,
Solon, vous les Grecs, vous êtes puérils, n’ayant aucune opinion
ancienne ni aucune discipline de grande tradition ». Nous ne nous
considérons pas collectionneur [165] d’antiquités; malgré cela, nous
désirons que quelques rares restent fidèles à la tradition et la
reconstituent à partir de fragments qui sont si près de la poussière que le
temps pourrait les submerger dans l’oubli. Pour notre part, c’est une
tâche que nous ne pouvons assumer en suffisance, mais tant que nous en
aurons la force, nous nous y appliquerons.
THOMAS VAUGHAM dit EUGENE PHILALETHE
(A suivre...)
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