Seul Dieu a le pouvoir d’ôter les voiles de vos yeux, et vous ne trouverez pas de réponses ici, à moins qu'Il ne le veuille.

13 septembre 2020

La Magie Adamique-3






Il convient de différencier les arts; apparemment aucun auteur ne
considère leur différence. L’Art dont nous parlons est vraiment physique
dans son sujet, sa méthode et son effet. Quant aux arts professés
publiquement, il n’y en a pas un qui puisse être qualifié de cette façon.

Ils ne sont que tours de main et bavardages de l’esprit sans aucun
fondement basé sur la nature. Ils sont, selon nous, ceux que Salomon
compte parmi les vanités, quand il dit dans L’Ecclésiaste (VII, 29) :
« Dieu a fait l’homme droit, mais il a cherché à raisonner beaucoup ».
Nous trouvons un bref échantillon de ces raisonnements dans la Genèse
quand Moïse sépare le grain de la paille, les oeuvres de Dieu de la
fantaisie des hommes. Dans Genèse IV, 20, nous lisons que Yabal était le
père de ceux qui habitent sous des tentes. Son frère Youbal était le père
de tous ceux qui manient la lyre et la flûte, et Tubal-Caïn, l’instructeur de
tous ceux qui désirent travailler le cuivre et le fer. Inutile de mentionner
les dommages que purent causer ces cyclopes du cuivre et du fer. Si tu
ne connais pas le destin de ces temps-là, étudie les tiens, car tu vis à un
âge qui peut t’instruire. Il est intéressant d’observer que ces arts et leurs
outils ne proviennent pas de la postérité de Seth, dans laquelle on trouve
notre Sauveur, car celle-ci possédait une connaissance plus élevée, ainsi
que nous le démontrerons. Mais ils provenaient de la semence de Caïn
qui était un assassin en action et dans ce cas, un fratricide.

Pour résumer, il n’y a pas de vanité à la vanité des sciences, nous
voulons dire par là que ces inventions et raisonnements, et ceux qui les
professent, ne produisent rien de vrai ni de naturel si ce n’est de faux
effets qui, à long terme, deviennent corrompus et violents. Mais ce n’est
pas une conquête que de piétiner des ruines : Corneille-Agrippa, dans
[178] La Vanité des Sciences, a très élégamment réduit en poussière
toutes ces fanfaronnades, ce qui n’avait jamais été fait auparavant de
façon aussi générale.

Il faut rechercher un art qui soit un guide parfait de la création, un art
qui conduise directement à la connaissance du vrai Dieu, un art qui
permette de découvrir toutes les essences invisibles et universelles
subordonnées à Dieu, un art qui ne soit en rien sujet au mal, et qui donne
accès à tous les secrets et mystères de la nature. Cet Art est celui de la
physique d’Adam et des Patriarches. Nous tenterons de démontrer par
les Ecritures que cet Art leur a été révélé.

Cette vérité paraîtra incroyable à la plupart, car les hommes, préjugeant
de la Providence de Dieu, ne se laissent pas instruire des choses
naturelles; ils n’acceptent que les choses surnaturelles qui ont trait à leurs
âmes et à leur salut. Ainsi, en ce qui concerne les corps, ils estiment que
Dieu ne doit pas pourvoir à ses besoins, ni enseigner la vraie physique ni
dévoiler les lois de sa création. Bien qu’Il ait fait la nature, Il ne peut pas
nous instruire sur les sciences naturelles. Aristote et son syllogisme ne
pourraient pas mieux dire ! Cette opinion ne diffère en rien de celle des
Epicuriens : « Dieu plane dans l’air, je ne sais en quels chemins et en
quelles régions de son ciel, mais il ne pense pas à nous, les mortels, qui
sommes sous ses pieds ». C’est, de toute évidence, une immense impiété
que de faire comme Tertullien, qui parle de Dieu en disant (Apologue
contre les Gentils, ch. 24) : « C’est personne, un oisif et un inutile en ce
monde, n’ayant rien à voir avec nos affaires puisqu’elles sont naturelles
et humaines ».

Ces hommes craignent que la miséricorde de Dieu ne diminue sa
majesté, et ils l’autorisent seulement à s’occuper de notre partie
immortelle et non de notre corps corruptible qui, [179] pourtant, a le plus
besoin de son secours. Ce sont des thèmes médiocres que l’homme a
laissés à Galien et aux apothicaires. Mais il n’en va pas ainsi, mon ami.
Dieu a créé la physique et l’a tirée de la terre, mais les Galénistes
l’ignorent. C’est Lui qui compatit à nos afflictions, il est le bon Samaritain
qui ne passe pas outre de nos misères; au contraire, il répand de l’huile et
du vin sur nos blessures. Cela, nous le savons parfaitement et nous le
prouverons avec ses propres paroles.

N’a-t-il pas appris à Noé à construire une arche, à l’enduire à l’intérieur
et à l’extérieur (Genèse VI, 13), afin de sauver la vie à une époque où
Dieu avait décidé de la détruire ? A une époque où le monde n’avait
aucune connaissance technique si ce n’est quelques notions d’agriculture
et quelques inventions de Tubal-Caïn et de ses frères ? Mais même ces
inventions provenaient de cette lumière qu’il avait semée dans l’homme :
une essence toujours active, dont l’ambition consiste à réaliser des
merveilles, et qui n’a jamais produit par elle-même rien qui ne soit
fantastique et monstrueux. « N’a-t-il pas répandu son esprit sur
Besaleél, fils d’Uri, et sur Oholiab, fils d’Ahisamac ? » (Exode XXXI, 1
et sv.) Et ne leur a-t-il pas appris à inventer d’ingénieux systèmes pour
travailler l’or, l’argent, le cuivre et la pierre, sculpter le bois et exercer
tout autre métier ? N’a-t-il pas également informé Moïse de la
composition de l’huile et du parfum, ne lui enseigna-t-il pas les
symptômes de la lèpre ainsi que sa guérison, n’a-t-il pas prescrit à
Ezéchias un emplâtre de figues (II Rois XX, 7), et un remède pour les
yeux à Tobit ? N’est-il pas vrai que Jésus-Christ lui-même, pendant les
jours de sa chair, a réalisé la majorité de ses miracles dans nos corps, bien
que sa plus grande guérison fût celle de nos âmes ? Et n’en est-il pas de
même aujourd’hui, et depuis le commencement ? Soignait-il le corps à
cette époque, et le négligerait-il aujourd’hui, ou bien [180] étant assis à la
droite de son Père dans le ciel, serait-il devenu moins bon parce que plus
glorieux ? Dieu ne le veuille ! Penser cela serait impardonnable.

Considérons-le comme « notre Souverain, car il n’est pas incapable de
compatir à nos faiblesses » (Hébreux IV, 15), mais tout au contraire, il se
préoccupe de notre état présent et futur, et il est tout autant conscient de
notre infirmité que soucieux de notre immortalité. Quand il était sur la
terre, il rendit la vue à un aveugle avec de la poussière de cette terre
(Jean IX, 6) et changea de l’eau en vin (Jean II, 9). Ce sont des éléments
visibles de sa physique, ou plutôt de sa Magie. Examinons
l’enseignement de sa triple philosophie. Premièrement la minérale :
« Ayez du sel en vous-mêmes » (Marc IX, 51), « Vous êtes le sel de la
terre » (Matthieu V, 13), et « Le sel est bon » (Luc XIV, 34 et Marc IX,
50). Ensuite la végétale : « Un grain de moutarde » (Matthieu XIII, 31 ;
Marc IV, 31 et Luc XIII, 19) et « Un lys » (Matthieu VI, 28 et Luc XII, 27).
Enfin, il y a la magie animale, mais elle est comme un hiéroglyphe scellé
et nous ne savons qui peut la pénétrer. « Il n’avait pas besoin de
témoignage sur l’homme, car il savait ce qu’il y avait dans l’homme »,
dit Jean (II, 25).

Les sophistes se demanderont ce que signifie ce blasphème. Voici ma
réponse : d’abord, aie du sel en toi, car tu assaisonneras ton âme qui est
corrompue, et préserve ton intelligence qui est pourrie par la crasse
d’Aristote. En second lieu, apprends ce qu’est le sel de la terre auquel
sont comparés les disciples, et cela par une méditation constante et
solide. En troisième lieu, accède à l’expérience, et par une pratique
légitime et physique, tu sauras dans quel sens le sel est la meilleure chose
qui soit. En quatrième lieu, examine les lys par le feu et l’eau du feu, et tu
verras ses miraculeux trésors [181] invisibles. En voici la preuve :
« Salomon, dans toute sa royauté, n’a pas été vêtu comme l’un d’eux »
(Matthieu VI, 29).

Si tu recherches une Magie plus élevée, tu devras d’abord être
assaisonné, aguerri, mais ici, mon dessein n’est pas de t’y conduire. Tu
ne pourras jamais accéder aux mystères animaux et végétaux sans la
connaissance du premier secret minéral, c’est-à-dire, du Sel de la terre,
qui est un Sel et qui n’est pas un sel, ni sans la connaissance de sa
préparation. Ce discours s’éloigne peut-être un peu de ma première
intention qui était d’expliquer que la philosophie tout comme la science
de Dieu furent révélées à Adam. Mais la raison est un obstacle pour
certains dans leurs propres cheminements, et comme nous l’avons dit
précédemment, ils ne croient pas que Dieu concède les secrets de la
nature. C’est pourquoi nous avons cité ces quelques exemples tirés des
Ecritures. Nous laissons au lecteur toute sa liberté. Nous ne désirons
qu’exposer la vérité.

Nous avons dit que Caïn et Abel furent instruits en matière de sacrifice
par leur père Adam. Caïn, en tuant son frère Abel, fit passer la prêtrise
de ce dernier à Seth (Genèse IV, 26), ainsi qu’à sa postérité, Hénoch,
Lamech et Noé (Genèse V, 21-32), qui étaient tous prophètes. Le lecteur
s’étonnera peut-être que nous attribuions une prêtrise à Abel, mais
examinons le témoignage du Christ, qui considère le sang d’Abel parmi
celui des prophètes et des sages persécutés (Luc XI, 51 ; Matthieu XXIII,
35). Conclure que ces hommes ne possédaient pas la connaissance parce
que les Ecritures ne mentionnent pas qu’ils en firent usage, est un
argument qui ne prouve rien. Pour démontrer la vanité de cette
déduction, nous citerons l’exemple de Moïse. Nous ne connaissons
aucune prophétie d’Abraham et nous ne trouvons nulle part qu’il ait
prophétisé, et pourtant il était prophète. Quand Dieu réprimanda
Abimelech, roi de Gérare, car il avait pris Sarah [182] pour femme,
croyant que c’était la sœur d’Abraham, il lui dit (Genèse XX, 7) :
« Maintenant donc, rends la femme de cet homme, car c’est un prophète,
il priera pour toi et tu vivras ! » Nous voyons ici que les perfections
secrètes de l’âme conférées par l’Esprit-Saint ne se reflètent pas toujours
dans l’apparence.

Nous n’oserions espérer l’adhésion du lecteur à cette doctrine si les
textes des Ecritures restaient muets, et si nous ne trouvions en eux les
traces infaillibles de la Magie qui nous guident sans lanterne jusqu’aux
sources de l’Art. La plus grande partie de l’histoire de Moïse est faite
d’une multitude d’aventures. Mais nous y trouvons aussi quelques actes
extraordinaires qui enseignent de façon peu commune. Nous avons
toujours admiré la capacité d’Eliézer, le serviteur d’Abraham, de prier à
côté d’un puits en Mésopotamie, et de faire agenouiller ses chameaux
(Genèse)XIV, 11 et 12). Nous ne pensons pas qu’il s’agisse d’une
tromperie, ni que l’esprit de Banks (5) soit l’esprit de la prière.

Laban accorda à Jacob comme salaire tout agneau pointillé ou brun
parmi son troupeau. Jacob trouva un art pour multiplier les bêtes
tachetées, ne laissant à Laban, son beau-père qu’une poignée de brebis
chétives (Genèse XXX, 37-40) : « Et Jacob se procura de fraîches
baguettes de peuplier, d’amandier et de platane. Il y écorça des raies
blanches, en mettant à nu le blanc qui est sur les baguettes. Puis il mit
les baguettes qu’il avait écorcées, dans les auges, aux abreuvoirs d’eau,
afin que lorsque les brebis viennent boire, elles conçoivent. Et les brebis
concevaient devant les baguettes, et elles mettaient bas des rayés, des
pointillés et des tachetés ». [183]

Nous lisons un peu plus loin : « Jacob vit en songe que les béliers qui
montaient sur les brebis étaient rayés, pointillés, bigarrés » (Genèse
XXXI, 10).

Ceci n’altère en rien notre assertion et prouve que cette génération était
miraculeuse ou surnaturelle. Personne ne sera assez fou de penser que
ces apparences, c’est-à-dire les béliers du songe, étaient les mâles du
troupeau qui couvrirent réellement les brebis. Par cette apparition, Dieu
voulut uniquement signifier la vérité de cet Art par lequel Jacob avait agi
et lui faire savoir que ses espérances se verraient réalisées. Mais voyons
un autre songe.

Agé de dix-sept ans, Joseph eut un songe qu’il raconta à son père dans
l’attente d’une interprétation, car il savait que son père en avait
l’habileté. Voici que le soleil, la lune et onze étoiles se prosternaient
devant lui. Le sage Patriarche qui n’ignorait pas les secrets des deux
luminaires, attribua le mâle au soleil, et la femelle à la lune. Ensuite, il
donna un troisième sens aux étoiles mineures, et enfin, il répondit à son
fils « Qu’est-ce que ce songe que tu as eu ? Est-ce que nous viendrons,
moi, ta mère, tes frères, pour nous prosterner à terre devant toi ? »
(Genèse XXXVII, 10)

Personne ne niera que l’interprétation des songes appartient à la Magie,
et qu’elle a toujours été recherchée comme faisant partie de
l’enseignement secret. Ceci est vrai lorsque l’interprète reçoit la
connaissance directement de Dieu, comme Daniel (Daniel I, 17), et donc
ce n’est plus du ressort d’une science naturelle; mais, dans ce cas-ci, nous
parlons d’une explication physique, basée sur certaines similitudes.
Celui qui connaît l’analogie entre les éléments et le grand monde, sait ce
que signifie chaque symbole et il sera un bon interprète des songes. En ce
qui concerne la multiplication du [184] bétail tacheté de Jacob, il s’agit
d’un effet purement magique que même nos adversaires les plus
obstinés n’oseraient mettre en doute. Nous pourrions citer à présent un
autre passage concernant ce Patriarche pour mettre le doigt sur les
fondements de la Magie, mais nous ne le ferons pas, de peur de dévoiler
trop de secrets. Nous laisserons cela à la perspicacité des chercheurs et
des Maîtres de l’Art.

Pour résumer, nous dirons que l’homme par lui-même ne peut atteindre
la vraie connaissance, car c’est Dieu qui, par pure miséricorde, l’instruit.

Que le lecteur considère sa propre expérience. Il existe aujourd’hui de
nombreux livres de Magie dans lesquels l’Art est pleinement et
véritablement découvert. Il y a également de nombreux hommes qui
étudient ces livres, mais après l’effort de toute une vie, il n’y en a pas un
sur dix mille qui les ait compris. A présent, si toutes ces indications ne
nous permettent pas d’atteindre les secrets de la nature, serait-il
raisonnable de penser que nos premiers parents auraient pu y parvenir
sans l’aide d’aucun de nos livres ni d’aucun homme pour les instruire ?
Auraient-ils pu faire sans moyens ce qu’il nous est impossible de faire
avec des moyens, certes, considérables ? Les Péripatéticiens nous diront
peut-être que leur syllogisme est le moteur pour y parvenir. Qu’ils nous
démontrent donc par leurs différents types de syllogisme, la première
matière de la pierre des philosophes ! Ils diront qu’une telle chose
n’existe pas. Nous leur répondrons et leur assurerons sur notre salut que
certainement elle existe, mais ce n’est jamais par leur logique qu’ils la
trouveront.

Dieu a donc donné au commencement l’instruction à Adam, qui la
transmit à ses enfants, et par tradition, aux Patriarches, chaque père
léguant ses secrets à son fils, comme le meilleur et le plus durable des
héritages. [185]

Venons-en à Jacob, l’Israël de Dieu (Genèse XXXII, 28), à son pèlerinage à
Padam-Aram et à son héritage symbolique, les arrhes de la terre de
Canaan. Mais ce ne sont pas deux voyages qui portent à leur perfection
les pérégrinations d’un Patriarche. Dieu l’appelle de la Maison de ses
pères à la prison de sa postérité et lui donne un lieu de liberté dans la
maison de l’esclavage. Nous le suivrons donc où le mène son destin,
depuis l’Hébron d’Isaac au Goshen de Pharaon (Genèse XLV, 8-10), dans
son retour à la grotte et à la poussière de Macpélah. Quant à ses fils et à
ses descendants, qui attendaient un signe, nous n’avons trouvé aucune
allusion particulière qui les concerne, sauf lorsque Moïse a parlé d’une
issue générale « Joseph mourut, puis tous ses frères, puis toute cette
génération » (Exode I, 6).

Nous prouverons maintenant la continuité et la lignée de cet Art.
Examinons la maison de Lévi, où un enfant est retiré de son arche et de
la jonchaie (Exode II, 1 et sv.). Ajoutons un passage sur Joseph, qui
prouve que la Magie était chose courante à cette époque et n’était pas
une nouveauté pour les fils de Jacob : Joseph avait fait mettre sa coupe
dans le sac de Benjamin et par ce stratagème, il avait détenu ses frères; il
leur demanda : « Qu’est-ce que vous avez fait ? Ne savez-vous pas
qu’un homme comme moi est capable de deviner ? » (Genèse XLIV, 15)
Par ces paroles, il n’exclut pas ses frères des réalisations de l’Art.

Les anciens Mages étaient certainement très savants. Ils étaient comme
Joseph, selon ses propres paroles, des princes, des dirigeants, et non de
misérables romanichels, ou saltimbanques comme sont les docteurs
d’aujourd’hui. En ce temps-là, l’ambition des grands était d’être bon, et
comme ces secrets venaient de Dieu, ils étaient enseignés par des dieux,
c’est-à-dire par des rois, comme le dit l’Ecriture : « J’ai dit que [186] vous
étiez des dieux » (Psaume LXXXII, 6 et Jean X, 35). La Parole leur était
communiquée. Ils avaient le pouvoir de faire des merveilles.

Selon le sens magique, le vrai Dieu est celui qui parle à Moïse, disant :
« Vois, j’ai fait de toi un dieu pour Pharaon, et Aaron ton frère sera ton
prophète » (Exode VII, 1). C’est à cause de la connaissance que ce faux
serpent trompe nos premiers parents : « Vous serez comme des dieux,
sachant le bien et le mal » (Genèse III, 5). Or ce n’est pas ce dragon rusé,
mais bien « ce bon serpent crucifié » qui peut nous donner cette
connaissance : « Par lui tout a existé et rien de ce qui existe n’a existé
sans lui » (Jean I, 3). S’il a créé toutes choses, alors il peut aussi nous
enseigner comment.

Moïse fut témoin, lors de son premier contact avec Dieu, de nombreuses
transmutations : une dans sa propre chair, une autre dans la verge qu’il
tenait à la main, et une troisième qui lui fut promise et qui se réalisa plus
tard sur l’eau. Il est écrit que Moïse était très instruit sur le savoir des
Egyptiens. Mais de quel savoir s’agissait-il ? L’Ecriture affirme que les
Egyptiens réalisaient leurs merveilles par sorcellerie (Exode VII, 11).

Leur savoir était très ancien, puisqu’on parle déjà de Mages quatre cent
trente ans avant Jamnes et Jambres, en Egypte. Ceci est confirmé par le
songe de Pharaon, que dut interpréter Joseph, car les propres sorciers et
magiciens de Pharaon en étaient incapables (Genèse XLI, 8 et sv.).

D’après de nombreux témoignages, certaines disciplines de cet Art, bien
qu’extrêmement corrompues, avaient été répandues par tradition parmi
toutes les nations, depuis le premier homme. Avant l’époque des
Israélites, sur la terre de Canaan, il y avait l’université de Debir que
Othniel, fils de Kénaz, avait conquise (Josué XV, 15-17). Cette université
[187] possédait une célèbre bibliothèque que les Juifs appelaient KiriathSepharim.
Parlons du caractère universel de la religion : les peuples ont toujours eu
une notion de divinité, même si celle-ci pouvait être confuse et
accompagnée de cérémonies et de superstitions lamentables. En outre,
les religions de toutes les nations ont toujours prétendu posséder des
pouvoirs extraordinaires pour la réalisation de miracles et la guérison de
toutes sortes de maladies et cela par des moyens secrets, inconnus de
l’homme vulgaire. Mais en réalité, si nous examinons toutes ces
religions, vraies ou fausses, nous n’en trouverons aucune, bien qu’elles le
prétendent, qui soit cachée. Il est évident que les déviations en matière
de foi proviennent de la dégénérescence des principes originaux d’une
religion, de la même façon que les hérétiques ne sont rien d’autre que de
faux interprètes. Malgré cela, dans ces écarts, il subsiste toujours
quelques marques et imitations de la première vérité. Tous sont du
même avis quant à l’action, mais non quant à l’objet. Pour ne citer qu’un
exemple, Israël, tout comme les païens, faisait des sacrifices, mais l’un les
offrait à Dieu, et les autres à leur idole. Même s’il y avait des divergences
entre eux, les païens conservaient aussi quelque chose du savoir secret et
de la philosophie des patriarches. Nous le constatons dans leur fausse
Magie, qui était principalement faite d’observations astrologiques,
d’images, de sorcelleries et d’étranges caractères.

Ne nous attardons pas sur les dévoiements et les mésaventures de l’Art.
Recherchons-en le poids, car si l’existence des choses peut être prouvée
par ses écueils, elle peut l’être aussi par ses succès. [188]



Magie Adamique, THOMAS VAUGHAM dit EUGENE PHILALETHE

à suivre...

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