Seul Dieu a le pouvoir d’ôter les voiles de vos yeux, et vous ne trouverez pas de réponses ici, à moins qu'Il ne le veuille.

13 janvier 2019

Ibn ‘Arabî – L’actualisation de la Présence divine.





Le troisième degré est celui de l’union à Dieu (al-ittisâl-bi-l-Haqq) qui opère l’extinction du serviteur : c’est Dieu qui se manifeste au point de devenir « son ouïe et sa vue » ; c’est ce que l’on appelle la science du goût initiatique (1). Dieu ne peut aucunement devenir ces facultés (adawât ; littéralement : ces instruments) sans que celles-ci soient brûlées par l’actualisation de Sa réalité (bi-wujûdi-Hi) : il s’agit alors de Lui (Huwa), et non plus d’elles ; nous avons connu ce goût. J’ai éprouvé cette brûlure en mode sensible lorsque j’ai pratiqué l’invocation d’Allâh au moyen du (nom) « Allâh » (fî dhikri Allâh bi-llâhi) : c’était Lui, ce n’était plus moi (kâna Huwa wa lam akun anâ).J’ai senti la brûlure sur ma langue et j’en ai éprouvé de la douleur : une douleur d’ordre sensible et animal (hissan wa hayawâniyyan), causée par une brûlure située dans ma langue. A ce moment, j’avais pratiqué l’invocation d’Allâh au moyen d’Allâh pendant six heures. Ensuite, Allâh a fait repousser ma langue ; j’ai alors pratiqué le dhikr en actualisant la Présence (bi-l-hudûr) avec Lui, non par Lui. Il en va de même pour toutes les autres facultés (2) : Dieu ne devient jamais l’une quelconque d’entre elles sans que celle-ci ne soit brûlée par l’actualisation de Sa Présence (bi-wujûdi-Hi), et que ce soit Lui (fa yakûna Huwa), quelle que soit cette faculté ; c’est Sa parole (dans un hadîth qudsî) : « Je suis son ouïe, sa vue, sa langue et sa main » (3). Celui qui n’est pas témoin de cette brûlure et qui ne la ressent pas dans ses membres et ses facultés ne connaît pas ce goût initiatique ; c’est une pure illusion de sa part (4). Tel est le sens de la parole prophétique au sujet des voiles divins : « S’Il les écartait, les fulgurances de sa Face brûleraient (ce qu’atteint le regard des créatures) » (5). Si Dieu veut brûler une des facultés de Son serviteur en vue de lui conférer la science correspondante en mode de goût initiatique, Il ôte le voile qui sépare l’homme de Dieu sous le rapport de cette faculté ; elle est incendiée par la lumière de Sa Face et c’est Lui qui en prend la place. »



(1) [‘ilmu-dh-dhawq].
(2) [jamî’-l-quwâ].
(3) [kuntu sam’ahu wa basaruhu wa lisânuhu wa yadah].
(4) [tawahhum minhu].
(5) [law kashafahâ la-ahraqtu sabahâti wajhihi].



Ibn ‘Arabî, Futûhât chap.361. Extrait traduit et noté par Charles-André Gilis dans la partie III, chapître : « Allâh », de son livre Tawhîd et Ikhkâs, p.131-132. 


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