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06 janvier 2019

Épiphanie


L'adoration des Rois-mages et la galette des Rois

L'adoration des Rois-mages


La légende des Rois-mages fut vraisemblablement rapportée d'Orient par les croisés. Guidés par une lumière intérieure symbolisée par l'étoile de l'arbre de Noël ou la bûche embrasée, ils atteignent la grotte où Jésus a vu le jour. La grotte représente la caverne cosmique ou l'enveloppe du Christ en germe. Les Rois-mages voient en lui l'être nouveau-né, ou plutôt re-né, qui, sorti des ténèbres de la caverne, a atteint le degré ultime de la connaissance (spirituelle), l'état d'être devenu Lumière.

Ils vénèrent en lui l'être trois fois né. Le premier offre l'or à l'enfant “Roi”; le deuxième donne l'encens au “Prêtre”; le troisième présente la myrrhe, “baume d'immortalité”, au “Prophète”. Ces présents sont les symboles respectifs des trois mondes: corporel du domaine du “Roi”; de la psyché ou de l'âme du domaine du “Prêtre”; spirituel du domaine du “Prophète”.

Les Rois-mages saluent le Christ-roi et reconnaissent en lui le “Maître des trois mondes”. Le Maître “spirituel” ou le “Prophète” détient la plénitude des deux autres fonctions, sacerdotale et royale, envisagées dans leur Unité première et qui se manifestent distinctement dans les personnes du “Prêtre” et du “Roi”.

Les trois personnages se tiennent habituellement devant la crèche, une représentation de la Nativité très populaire dans les pays du Sud. Ils sont venus rendre hommage à l'enfant Jésus placé entre l'âne et le bœuf, entre les ténèbres et la lumière dont il a réalisé l'union. En effet, ténèbres et lumière sont indissociables car il n'y a pas de clarté sans obscurité, de jour sans nuit, de yang sans yin ni de yin sans yang comme le montre l'enchevêtrement du noir et du blanc dans le fameux symbole yin-yang. Connaître la lumière ne signifie pas ignorer l'obscurité, mais comprendre qu'au-delà de la dualité du monde manifesté règne l'unité, seule source véritable de spiritualité.

La coutume d'offrir des cadeaux à l'Épiphanie, notamment dans les pays chrétiens du Sud, est naturellement en relation avec les Rois-mages dans leur hommage au “Maître de l'éternel présent”. Cette coutume n'est rien d'autre qu'un reliquat de la reconnaissance de l'innocence du cœur du jeune enfant et de sa facilité à vivre le présent. Une capacité que l'adulte a malheureusement perdue.



La galette des Rois



La galette est faite d'une pâte feuilletée symbolisant les multiples couches qu'il convient de découvrir avant d'atteindre la fève ou l'amande. Cette drupe dont il faut briser l'enveloppe représente le germe dissimulé sous la coque extérieure. Elle symbolise le Christ dont la nature divine est cachée sous la nature humaine, le fruit qu'il appartient à chacun d'ouvrir pour s'en nourrir. Dans cette quête, tous ne sont pas élus. Seul celui qui sera parvenu à découvrir toutes les couches dissimulant le fruit parviendra à sortir définitivement de l'obscurité, des ténèbres pour atteindre la pleine lumière.

En hébreu, l'amande se dit “luz” qui exprime parfaitement l'idée de quelque chose de caché, d'enveloppé, d'inviolable, le noyau qui contient le germe d'immortalité. Le même mot désigne aussi le nom d'une cité souterraine, gardienne de la tradition et près de laquelle Jacob eut sa célèbre vision. Endormi, la tête reposant sur une pierre, il voit une échelle dressée entre la Terre et les Cieux et que des messagers divins montent et descendent. Le Seigneur lui dit: “Je te donnerai la terre sur laquelle tu es couché, à toi et à tes descendants”. Jacob se réveilla et proclama: “Et cette pierre, que j'ai dressée comme un pilier, sera la maison de Dieu (“Beith-el”), appellation dont serait dérivé Bethléem, lieu de naissance du Christ.

L'amandier, surtout répandu dans les pays

méditerranéens, donne un fruit appelé “mandorla” en italien. Ce terme s'applique à la forme “ovale” qui, dans la tradition iconographique, renferme l'image du Christ. Au-dessus du portail royal de la cathédrale de Chartres s'élèvent trois magnifiques lancettes éclairées par le soleil couchant. Le vitrail central renferme en son sommet une mandorle où le Christ se tient sur les genoux de sa mère. Marie porte une couronne sur la tête et un sceptre dans chaque main en signe de souveraineté sur les mondes des ténèbres et de la lumière. Le Christ, placé au centre, représente l'union des deux mondes au sein de l'Un ou de Dieu. Sa main droite pointe en direction du Sud, du soleil, de la lumière tandis que la gauche, associée au Nord, repose sur son genou.

Nul doute que cette représentation fasse référence à l'initiation aux “mystères”. Avec une différence notable, cependant. Dans la mandorle, la lumière est naturellement associée au Sud et les ténèbres au Nord tandis que les “grands mystères” se rapportent au solstice d'hiver et les “petits mystères” au solstice d'été. En fait, le fidèle qui regarde la mandorle épouse le point de vue cosmique ou terrestre indiqué par la main droite du Christ tournée en direction du Sud, du soleil du midi des “petits mystères”. Pour lui cependant, droite et gauche sont inversées. 

La poursuite sur la voie de l'ascension passe par un renversement de vision afin de découvrir le véritable soleil, la face invisible, le soleil de minuit des “grands mystères” associés au Nord. Dans cette quête, le fidèle sera amené à abandonner la lumière extérieure pour la lumière intérieure ou invisible dont la lumière visible ne constitue qu'un reflet dans le miroir des eaux crépusculaires du soleil couchant. Ce renversement de vision est courant dans le symbolisme où “ce qui en haut (dans l'ordre supra-cosmique) est comme ce qui en bas (dans l'ordre cosmique)”.



Première partie, ici

Bibliographie
René Guénon:
“Symboles de la Science sacrée”. Éditions Gallimard 1962;
Notamment le chapitre XXXVII consacré au symbolisme solsticial de Janus.

“Le Roi du Monde”. Éditions Gallimard 1958;
En particulier le chapitre IV relatif aux trois fonctions suprêmes et le chapitre VII consacré à Luz.

Jean-Marie Pelt:
“Des fruits”. Éditions Fayard 1994;
Spécialement le chapitre IX traitant des fruits secs et, en particulier, de l'amande.
“Fleurs, fêtes et saisons”. Éditions Fayard 1988;
En particulier, les chapitres sur la nuit de Noël, le 25 décembre et la saint Sylvestre.



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