Seul Dieu a le pouvoir d’ôter les voiles de vos yeux, et vous ne trouverez pas de réponses ici, à moins qu'Il ne le veuille.

01 février 2019

Fin de partie




Tout le monde a lu la traduction du mot grec : Apocalypse, d'apo calupsè, ce qui se trouve sous le voile, dévoilement, révélation.


Le mot a pris au fil du temps et du goût de l'homme pour la peur et la domination un sens dramatique et catastrophique (encore un mot qui devrait être dévoilé, révélé, il désigne un événement soudain venu d'en haut, envoyé par les dieux ; c'est également le 5ème terme, le dénouement, des tragédies grecques, souvent brutal).

Mais J.R.R. Tolkien a repéré ce qu'il appelle d'un néologisme : eucatastrophe, ou dénouement heureux, bienveillant.

De la même manière, l'apocalypse n'est pas nécessairement l'horreur communément admise.

Si l'on convient de la fonction révélatrice de l'existence sur la conscience, dit plus simplement : que les événements qui nous affectent nous amènent à une meilleure compréhension de nous-mêmes, qui sommes le nombril de notre monde, et donc du monde projeté depuis ce centre, on doit également convenir que chaque jour est une apocalypse, chaque minute, chaque minuscule événement subitement surgi, subi, contient sa charge nucléaire explosive de conscience.

Cette connaissance passe par nous, elle allie l'événement ressenti comme extérieur à l'effet qu'il produit en nous, ce qu'il révèle de nous, nous permet d'apprendre sur nous. C'est pour cela que la connaissance ne s'apprend pas dans les livres, mais bien en vivant : con-naître, cum-nascere, c'est naître avec. La conscience naît de l'événement et de ce qu'il suscite dans notre mécanique.

Cela ne vaut bien sûr que pour ceux qui ont soif de lumière.

Le drame se joue des aveugles qui se laissent rouler dans la tourmente de leurs passions souveraines, et de leurs maudites habitudes. Tout le monde peut apprendre à nager, trouver une planche et se laisser emporter au rivage, où il apprendra à se tenir debout, et à marcher.

Cependant, nombreux sont ceux qui gémissent mais adorent l'obscurité qui les entoure et ce qui s'y trame.

Ce matin, nourrissant successivement : le poisson rouge, le chien, l'âne, les poules, je pensais vaguement : comme tous les jours. Puis vint la correction : comme disaient les Anciens : comme chaque jour que Dieu fait.

L'important n'est pas ce que désigne le mot dieu, qui n'est qu'une convention. Tous les jours n'existe pas. C'est un reflet trompeur, un reflet inhibant, castrateur, une mauvaise drogue qui fait les zombis du métro, du boulot, du dodo,qu'ils prennent "tous les jours à la même heure".

Non.

Tous les jours, la même heure, sont des fantasmes, des expressions délirantes d'esprits malades rivés à leurs chaînes, qui les blessent mais les aident à rester soumis.

Pour qui a décidé de s'enfuir, chaque jour, chaque heure, chaque instant est l'opportunité de comprendre un peu plus.

Ce matin, poussant ma brouette de foin sous la pluie, ma conscience s'est élargie jusqu'à ce point. Révélation, dévoilement. Apocalypse.

Imaginons l'existence terrestre comme une manipulation, une expérience, un jeu virtuel. C'est facile, depuis que les écrivains et le cinéma ont développé ce genre de concept.

Imaginons que nous naissons les yeux fermés. Facile, puisque c'est ainsi que nous venons en ce monde.

Imaginons que le but du jeu, que nous avons oublié, bien sûr - sinon ce ne serait plus un jeu, un test, une épreuve, une expérience - imaginons que nous jouons contre nous-même, ou, plus précisément, contre la part de nous-même qui a un goût prononcé pour la lourdeur, l'obscurité, l'aveuglement, imaginons que la conscience joue contre l'anéantissement, à chaque instant de ce temps insaisissable qui fuit - tempus fugit - et que le succès dépende de notre faculté, notre capacité à soulever le bandeau, le voile qui a été posé sur nos yeux.

Si c'est le cas, je dénonce le scénario actuel de dévoilement des ressorts cachés du monde comme une tentative d'intoxication.



Savoir les turpitudes des puissants, voir remonter la boue et les abominables scandales qui jalonnent la course du monde, les horreurs commises à l'encontre des peuples, des enfants, des pauvres, des animaux, de la nature, certes, c'est un progrès, une délivrance.

Mais s'il ne s'agit que de s'indigner devant un écran, c'est un savoir stérile.

Yves Mounin lisait Avoir : A - voir, ne pas voir. Savoir serait alors : ne pas SE voir. Ne pas voir que tout ce qui ex-iste (à l'ex-térieur)est également en nous. Demeurer séparé, ignorant, aveugle.

Pire, sa conséquence logique : jouir de la chute des affreux qu'on exècre est un recul, une autre abomination, une occasion manquée de sortir à la lumière.

S'il est possible qu'une révélation sur "des choses cachées depuis la fondation du monde" soit en cours,pour des raisons qui échappent à notre compréhension, cette révélation doit nous bouleverser (renversement de la boule, vue comme planète, ou comme ce que l'argot français (perdre la boule) désigne comme la tête, le mental), nous affecter jusqu'au fond de nos entrailles, arracher, renverser les murailles derrière lesquelles nous rampons nous aussi comme des insectes.

Les moyens qu'utilisent les affreux pour mener leurs minables affaires, qui nous répugnent, sont probablement les mêmes que nous employons pour nos discrètes petites combines, et dont nous nous accommodons volontiers.

L'esprit de domination règne aussi bien chez les maîtres du monde qu'en moi. Révélation ?

Qu'importe que les rois deviennent des saints si je demeure le tyran de ma famille ?

Chaque seconde est l'opportunité de soulever un peu plus le bandeau, le voile, afin de nous voir tels que nous sommes.

Car c'est la seule véritable connaissance. Non pas : que font les salauds, qui sont-ils ? Mais : qui suis-je ?

Le but ? L'ultime moment où tous les voiles tomberont. Fin de partie, aussi bien la fin de tous que la mort individuelle. A ce moment, certains auront le visage entièrement découvert, les yeux ouverts, et seront capables de voir ce qui nous a toujours été caché, pour que l'expérience ait un sens.

D'autres auront été à mi-chemin, et pourront peut-être poursuivre.

D'autres seront restés prostrés dans l'ombre, sous les pierres, à rêver d'or et de puissance dans leurs nids infects.

Vieux Jade

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1 commentaire:

  1. L'événement qui réveillera le monde arriveras soudainement sans prévenir et là les choses sérieuses commenceront.
    Un jour heureux pour les justes et un jour néfastes pour les vilains.

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